Etonnant parcours que celui de Mussorgski, obscure entité polonaise dont la naissance est contemporaine à l'embrasement de la seconde vague Black Metal et à sa prolifération dans les pays de l'ex bloc soviétique où le genre a pu y trouver le terreau idéologique propice à son émergence, témoins les très politisés débuts de Graveland, et qui après une poignée de démos et un premier méfait en 1995 (In Harmony With The Universe) a disparu des écrans radars, ses deux membres besognant chez Arkona (qu'il ne faut pas confondre avec son homologue russe) pour finalement ressurgir presque quinze ans plus tard !
A trajectoire curieuse, musique étrange également puisque Mussorgski développait dans les années 90 un paradigme à base de Black Metal et d'Ambient, le tout dérivant dans le trou noir d'une thématique cosmique et astrale, que Chaos And Paranormal Divinity fait toutefois évoluer vers des rivages plus philosophiques, bien que la notion de chaos constitue toujours la clé de voûte d'un édifice vertigineux dans sa froideur galactique, bien que constamment parasité par des atours mélodiques qui ne paraissaient pas indispensables, la faute à des nappes synthétiques plus symphoniques que Ambient et spatiales. "Born To Die For X - Question Of Nonentity" illustre assez justement cette hésitation entre noirceur comme venue du fin fond d'un quasar, incarnée par ces gargouillis vocaux, et étendues atmosphériques tapissées par des claviers omniprésents.
De fait, en dépit de moments baignant dans une beauté hypnotique certaine ("Industrial Technology Of Ancient Ones - Opening") et une prépondérance pour les mid-tempos et les aplats martiaux ("Big Communal Machine - New World Order"), l'œuvre déçoit quelque peu par son hermétisme et ses faibles variations d'une piste à l'autre. Sans contester son ambition, ce second vol habité ne l'est justement pas beaucoup, derelict certes désincarné et froid comme le réclament les ambiances industrielles qui l'animent mais pas toujours dans le bon sens du terme.
A appréhender dans sa globalité opaque plutôt que par petits bouts, Chaos And Paranormal Divinity reste au demeurant un opus intéressant où la dimension spatiale des débuts a cédé la place à une approche plus cosmique. Symbolisera-t-il pour autant un vrai second départ, après une première partie manquée ? Nul ne le sait bien évidemment...