Il aura donc fallu quatre années à Aes Dana pour enfin livrer le successeur de La Chasse sauvage, première offrande attachante qui nous permis de découvrir un très bon groupe alliant avec une rare réussite Black Metal guerrier et envolées celtiques, long délai en partie imputable à la fermeture du micro label Sacral Productions. Et c'est donc assez logiquement que la troupe est allée frappé à la porte du voisin Adipocere au moment de mettre en bac ce Formors plus travaillé et complexe et donc largement supérieur à son ainé autant dans la forme que dans le fond.
Tout en reprenant son Celtic Pagan Black là où il l'avait laissé avec La chasse sauvage, Aes Dana a incontestablement progressé, notamment en terme d'écriture et d'arrangement, les lignes de flutes se coulant par exemple avec plus de réussite au milieu de ces modelés abruptes. Puissantes et ravageuses, ces huit nouvelles odes parviennent encore davantage que les leurs pourtant excellentes devancières à faire cohabiter les deux visages d'une personnalité affirmée et, ce faisant, à capter la noirceur minérale d'une époque lointaine souvent fantasmée. qu'il ne vide pas de ses couleurs sombres.
En outre, le groupe n'a pas cherché à mettre en jachère sa violence, bien au contraire, Formors se veut tout aussi abrasif que son prédécesseur tout en l'emportant sur celui-ci par la qualités de ses compositions. Citons déjà l'énorme "Gwaenardell", qui s'ouvre sur des notes de bombarde virevoltantes avant de faire saigner les plaies d'un Art Noir ferrugineux. Son final déchainé est absolument superbe, apogée d'une œuvre qui n'en manque pourtant pas. "Ventres noirs" séduit également par sa mélodie folklorique, véritable machine à remonter le temps vers ces temps reculés, cependant que "Les traces de la branche rouge" nous emporte d'entrée dans un tourbillon grésillant. Achevons cette litanie avec le puissant diptyque éponyme, dont la premier pan, "Mer de glace et d'ombre" adopte la forme d'un mid tempo envoûtant aux teintes hivernales, reflet du très beau visuel habillant cette excellente cuvée.
Dommage que le groupe n'ai plus donné signe de vie depuis, la faute - encore une fois - à des problèmes de label qui ne devraient pas exister et empoisonner l'existence d'une formation qui, longtemps avant que le folklore celtique ne redevienne à la mode, a su forger un alliage finalement des plus personnels. Gageons toutefois que sa (plus si) récente signature avec Trollzorn, où il a retrouvé ses confrères de Nydvind et Bran Barr, devrait lui permettre de faire de nouveau couler le sang des ancêtres. Mais dans combien de temps ?