Bobby Kimball, c’était la voix de Toto de 1977 à 1984 (leurs débuts), et Jimi Jamison celle de Survivor de 1984 à 1989 et de 2000 à 2006. Respectivement 64 ans et 60 ans au compteur, les deux protagonistes ont décidé de faire cause commune et de nous offrir un album né de cette association en cette année 2011. Vu l’âge avancé des deux vocalistes, nous étions en droit, même en tant qu’amateurs des deux groupes précités, de nous demander si les cordes vocales de nos deux vieux amis, ainsi que leur inspiration, n’avaient pas souffert des affres impitoyables du temps qui passe. A l’écoute de cet opus éponyme, il convient de reconnaître que les papys se portent plutôt bien.
Les deux camarades de jeux aiment visiblement toujours se prélasser dans les eaux calmes du Rock FM qui a fait la renommée de leurs combos de prédilection. En effet, les sentiers empruntés ici ne dévient guère des ambiances portées par Toto et Survivor en leurs temps. Aidés dans leurs tâches sur cette production par des compositeurs de renom dans la sphère du Rock tranquille comme Richard Page (Mr Mister), Jim Peterik (Survivor), Randy Goodrum (Steve Perry, Toto), John Waite, Erik Martensson (WET) et Robert Sall (Work Of Art), ils associent ici leurs vocalises, sans jouer la carte de l’affrontement, sur douze titres taillés sur mesure pour les radios américaines qui ont oublié d’être sourdes, contrairement à celles de notre beau pays où les responsables de la programmation souffrent d’encombrement des pavillons auriculaires.
Après avoir voué tous deux leur existence musicale à un genre sans qu’aucune infidélité ne puisse leur être reprochée, aucune révélation n’était attendue de cette association de bienfaiteurs et, bien entendu, aucune révélation ne nous est donc proposée avec cet essai. C’est donc du cousu-main dans un matériau léger et doux qui est soumis ici à nos pavillons endoloris. Certes, la guitare de Beyrodt (Silent Force, Sinner …) est bien présente et la production de Matt Sinner (qui tient également la basse) puissante en diable, mais la délicatesse est tout de même à l’ordre du jour, portée qu’elle est par les mélodies sucrées qui enveloppent tous les titres. Dans cet oasis de voluptés musicales, le reproche de la linéarité peut toutefois être avancé. En effet, au-delà de l’impression de déjà-entendu qui nous titille un brin, même si c’est assez classique dans ce style musical, flotte également le sentiment que peu de titres qui pourraient être étiquetés hits se détachent d’une masse bi-homogène (titres Rock/ballades) un tantinet frustrante même si "Worth Fighting For", "Can’t Wait For Love", "Kicking And Screaming" et "Chasing Euphoria" ont la tête qui dépasse un brin de la mêlée.
Voilà donc un album correct et sans surprise qui laisse un petit goût d’inoffensivité dans le fond de la bouche. Il sera néanmoins parfait pour un fond sonore Rock lors d’une soirée où vous aurez envie de vous faire plaisir sans gêner un auditoire pas forcément rallié à la Cause.