Bien que tout aussi inconnu que ses deux autres (pour l'instant) compagnons de label (Astromaster) avec lesquels il partage un attrait identique pour les plastiques tellement cotonneuses qu'elles paraissent être instrumentales alors que des lignes vocales y sont bien présentes mais lointaines et noyées sous la réverberation et les effets en tous genres, Abramakabra emporte toutefois - et de loin ! -nettement plus l'adhésion que I The Witch et Giants On Jupiter qui, tous ensemble, forment presque les trois côtés d'un triangle bizarre et ce, même s'ils n'ont tous les trois rien en commun sur le plan des ressources humaines.
Venant d'Italie, terre fertile en souches progressives auquel le nom de sa chanteuse que l'on a toutefois du mal à répérer dans ce magma sonore, Keyla Norton, semble vouloir - peut-être - rendre hommage, évident pseudo évoquant l'ancienne Antonius Rex, Dora Norton, le projet a surtout des allures de laboratoire pour son principal chercheur apparemment très influencé par l'esthétique d'Orange mécanique (voilà un homme de goût donc), Steven Abram, les autres musiciens ayant pris part à l'exploration n'étant là que comme ustensiles et autres éprouvettes.
Subdivisé en huit plages, The Imaginarium est sa première expérience, elle réclame de longs préliminaires avant d'écarter ses cuisses. Mais là où Embrace The Unknown (de Giants On Jupiter) et plus encore Nagual (I The Witch donc) laissaient perplexe et sur le bord de la route le - malheureux - auditeur s'étant risqué dans l'inconnu, The Imaginarium reste à peu près compréhensible, quand bien même il n'évite pas toujours le grande n'importe quoi avec lequel il fait plus que copuler. "Cabalactical Galacitacal" témoigne ainsi de la ligne ténue séparant inspiration et foutage de gueule, sur laquelle les Italiens jouent (souvent) à l'équilibriste.
Mais il y a ce "Ultra Magick Ultra Fanatik", aux confins du Drone et du Space Rock que propulse des accords démentiels, il y a également "The Shock", longue dérive progressive qui vibre du son de claviers funéraires et déglingués, machine bringbalante entraînant ensuite le titre vers des rivages hallucinés mais auréolés d'une étrange et déjantée beauté, il y a encore "Mystica Vulcanica", ultra heavy qui du haut de ses 10 minutes, libère des ondes sismiques dont l'instrument sont ces riffs Drone au bord d'une rupture perpétuelle, il y a tout ça qui fait de cet album une réussite franchement intriguante entre Doom, Ambient et bande son évolutive. Périple dans un imaginaire aussi bordélique d'halluciné, il est un kaléidoscope d'images sonores qui se fracassent, se croisent, fusionnent en une masse aux contours instrumentaux flous.
Reste à savoir si Abramakabra resistera à l'épreuve du temps... Une découverte, dans tous les cas, pas facile d'accès mais une découverte tout de même !