Après une année 2007 riche en sorties pour Motis, avec la publication d'un album studio, L'Homme-Loup, puis d'un live assorti de la "bible" du groupe (le Grimoire), le groupe franc-comtois incarné par Emmanuel Tissot a calmé quelque peu le rythme, les aficionados du rock médiévo-progressif ayant dû patienter durant quatre longues années avant la parution de Ripaille.
Rémy Diaz, présent depuis la création du groupe ayant quitté le navire, c'est désormais Tony Carvahlo qui accompagne notre troubadour à tout faire dans ses aventures d'un autre temps, situées quelques siècles en arrière, et dont la simple évocation des titres pose d'emblée le décor.
Musicalement, Motis nous propose ce rock folk à la teinte progressive, d'inspiration médiévale donc. Inévitablement, et même si la comparaison va finir par lasser, c'est à un autre groupe franc-comtois célèbre que des titres comme Robin Hood ou encore Le Voyage de Brendan font irrémédiablement penser : les claviers semblent tenus par Francis Décamps himself, tandis que le phrasé utilisé par Emmanuel Tissot renvoie à son frère angélique, période années 70.
Il serait donc facile d'assimiler cette Ripaille à Au-Delà du Délire ou encore Emile Jacotey, d'autant que les premiers titres se coulent sans problème dans ce moule. Mais réduire cet album à ces seules comparaisons serait bien trop réducteur, tant Motis sait emprunter les chemins de traverse pour balader l'auditeur vers d'autres horizons, certes toujours empreints de cette coloration initiale, mais néanmoins bien différents. C'est par exemple Ripaille qui nous propose une espèce de reggae médiéviste, ou encore L'Ancien qui pourrait faire, pourquoi pas, un single très "nouvelle scène française". De son côté, Le Forgeron déroule un univers mystérieux quasi expérimental sur une bonne partie de la chanson.
Aussi, si les mélodies et les textes découlent d'une inspiration féconde, le bât blesse quelque peu au niveau de l'orchestration de nombreux passages. A l'écoute de l'album, il semblerait que les titres aient été taillés d'emblée pour une restitution scénique, à la mesure de la "dimension" du groupe. Du coup, on ressent à l'écoute une certaine frustration, liée au dépouillement de certaines parties (Le Forgeron notamment), pour lesquelles un accompagnement un peu plus fourni, ou même la présence plus régulière de guitare, auraient permis non seulement d'enrichir l'espace sonore, mais également de contrebalancer la section rythmique batterie/basse qui en vient à se trouver régulièrement au premier plan.
Ce point mis à part, Ripaille reste un album plus qu'agréable à écouter, dans un style plutôt unique actuellement, du moins en France. Se délecter des paroles et se laisser entraîner par la musique, n'est-ce pas finalement ce que l'on demande à une production musicale ? … en attendant bien entendu de découvrir tout cela … sur scène !