Après avoir été un des bastions du néo-prog dans les années 90, l'Allemagne s'était trouvée quelque peu en retrait en ce début de millénaire, les productions de qualité dans le domaine, à l'exception d'un Sylvan, finissant par se raréfier.
Depuis maintenant deux années, le label Progressive Promotion nous refait la pari de la "Deutsche Qualität", avec notamment la publication récente (et remarquée) du concept album Elinoire de Flaming Row, ou encore dans le cas présent du troisième album de Seven Steps to the Green Door, un concept-album là encore, contant les aventures de Samuel qui, après une perte d'identité durant un rêve, fouille dans les croyances religieuses. Les titres des10 plages et le visuel de The Book sont d'ailleurs particulièrement évocateurs sur le sujet.
Passé un Prologue très atmosphérique, les choses sérieuses se mettent en place dès la deuxième plage. The Emtpy Room nous emmène très rapidement dans un néo-prog bien balancé, à la rythmique syncopée, où la guitare nous propose ses premières saillies virtuoses. Maîtrisant à merveille l'art du contretemps, la section rythmique soutient efficacement une alternance de parties chantées et de passages instrumentaux où les interventions de claviers nous ramènent vers Triangle ou Knight Area. Mais cette mise en bouche balayant les différentes strates du néo-prog n'est pas une fin en soi, et SSTTGD va, dès la plage suivante, montrer toute l'étendue de son univers musical.
C'est tour d'abord du métal pur-jus qui va démarrer The Crying Child, hurlements en prime, avant que la voix féminine de Anne Trautmann ne vienne calmer tout le monde, et opposer un contraste total avec l'ambiance survoltée qui précède. Et l'album entier va nous proposer ces alternances d'ambiance, allant du néo très classique à des plages plus atmosphériques façon Rain for a Day, en passant donc par des interventions métalliques qui, loin de refouler les allergiques au bruit, viennent parfaire le climat intense dans lequel baignent les différentes plages. Les thèmes s'enchaînent ainsi les uns les autres avec bonheur, sous forme de mélodies soignées, aux accompagnements toujours judicieux.
Autre preuve s'il en fallait de la grande classe du groupe, The Last Supper nous emmène dans un tourbillon rythmique dans lequel la mélodie en mesures impaires se trouve accompagnée par une section rythmique évoluant sur un découpage pair ! Effet garanti et dodelinage de tête assuré ! Et comme si cela ne suffisait pas, cette même plage se conclut en beauté par une petite incursion vers un jazz dynamique, qui se fond ensuite (The Eternal Abstinence dans une ambiance de bar enfumé en fin de nuit. Dépaysement garanti.
Pour parfaire le tableau, faut-il encore préciser que la production s'avère de toute première qualité ? Tout juste regrettera-t-on, et encore, la fin en pente douce, pour ne pas dire en quasi-silence, qui apparaît légèrement en décalage avec la dynamique qui précède. Mais là, il s'agit juste d'une question d'appréciation.
Vous l'aurez compris, cet album dispense plus d'une heure de bonheur auditif à celui qui le placera entre ses oreilles. Sa variété de styles en fera un compagnon idéal pour beaucoup d'entre nous, et ce pour de nombreuses écoutes … et je ne parle même pas ici de déchiffrer le concept qui se cache derrière les paroles !