Quatrième album de 220 Volt, "Eye To Eye" voit les Suédois faire évoluer leur Hard-Rock très marqué par la NWOBHM à ses débuts, vers un Hard-Rock Mélodique se situant entre Def Leppard et Scorpions, empruntant aux premiers l’art du mid-tempo et des chœurs en harmonies, alors que les riffs et les guitares à la fois cinglants et mélodiques font souvent penser aux Allemands venimeux, la voix de Jock Lundholm œuvrant dans des tonalités parfois proches de celles de Klaus Meine. Rajoutez quelques claviers et sonorités FMisantes typiques des productions scandinaves et vous obtenez un album qui, s’il ne révolutionne pas le genre, n’en fait pas moins preuve d’une identité forte. Pour couronner l’ensemble, la production signée Max Norman (Ozzy Osbourne, Megadeth, Loudness, Y&T…) est à la fois puissante et équilibrée, permettant à la section rythmique de ne pas disparaitre derrière le chant et les guitares.
La basse de Peter Hermansson est d’ailleurs la base de certains titres, apportant une ambiance à la fois nocturne et urbaine en ronronnant sur "Dangerous", ou se faisant plus ronde et douce sur la ballade mid-tempo "Still In Love". Ce titre est également l’occasion d’un solo en harmonie des deux guitaristes, exercice renouvelé à plusieurs reprises et s’imposant plus souvent que des démonstrations techniques dont la rareté fait la valeur. Contrairement à nombre de ses confrères, 220 Volt évite également l’erreur courante du ventre mou en concentrant 3 titres dynamiques en milieu d’album, "Dog Eat Dog" venant même piétiner sur les plates-bandes d’Iron Maiden avec ses harmonies de guitares sur ses riffs et solo. Il d’ailleurs à noter que ce morceau et "On The Other Side" ont été directement composés pendant les sessions studios, le quintet étant enthousiasmé par ses séances en compagnie de Norman.
Les Suédois réussissent également le délicat exercice de la power-ballade en ne sombrant pas dans la mièvrerie à l’occasion d’un "Love Is All You Need" mêlant une identité FM scandinave et un refrain leppardien. Les mid-tempos sont dynamiques et doté de refrains accrocheurs ("The Harder They Come"), caractéristique qui se retrouve également sur la plupart des titres, alliée à des riffs souvent simples ("I’m On Fire", petite bombe de Hard-Rock mélodique), parfois enthousiastes ("Live It Up"), voire reptiliens ("Money Talks"), mais toujours redoutablement efficaces.
S’il ne bénéficia pas du soutien logistique et commercial qu’il aurait mérité, se retrouvant finalement doté de 3 pochettes différentes selon les éditions, "Eye To Eye" n’en est pas moins un véritable bijou de Hard-Rock Mélodique se devant de figurer dans toute discothèque du genre digne de ce nom. Il n’est jamais trop tard pour rendre hommage à ce genre de trésors injustement oubliés.