"When The Things Get Abstract" est le second rejeton d’Eepocampe, animal tricéphale vivant dans le nord de la France et qui perpétue les valeurs d’une désormais longue dynastie qui compte parmi ses plus éminents représentants Explosion In The Sky ou Mogwai. Une parenté appréciée qui leur permit de tourner dès leur premier album, "Day After Day All Takes Another Way", au pays du soleil levant.
Nager dans les eaux ondulées par les passages remarquables de leurs homologues n’est pas chose facile. Le post-rock est un canal emprunté par maintes embarcations qui ne parviennent pas souvent à franchir les diverses écluses menant à la reconnaissance. Seulement Eepocampe semblait ébaucher en 2008 une odyssée s’embarquant, au vu des éloges rencontrées, sous les meilleures augures.
Ici, alors que l’ « unique ligne directrice était de s'essayer à quelque chose de plus rythmé » chacune des huit plages s’étend pourtant tranquillement, comme de vastes étendues sans véritables aspérités ou soudaine véhémence, mais forment toujours les décors à l'agréable panorama. Les arpèges typiques du genre égrainent les notes avec presque autant de calme qu’une mer d’huile. Une sérénité quelque peu nébuleuse s’installe comme un ciel étoilé que le chant d’Antony Lourdel au timbre léger ne viendra jamais entacher par trop d'empressement.
Ceci dit, cette image d’onirisme cache en fait une certaine tiédeur de l’ensemble car finalement, peu de choses se passent vraiment tout au long de ces quarante-cinq minutes. Malgré certaines petites envolées, passages flirtant avec le shoegaze, ou ne serait-ce que le frétillement occasionnel des cordes, le paysage dessiné par les Arrageois reste plutôt aride en modulation et ne prend qu’en de rares moments de l’altitude.
En fait, sans faire montre de prise de risque, les Français s’inscrivent dans une lignée dont les sillons ont déjà été tracés bien avant ce dernier opus. Il sera sans doute dit que d’autres ont mieux fait, non pas parce qu’ils avaient apposé leur propre sceau sur ce genre musical mais tout simplement parce qu’ils lui avaient véritablement donné de vraies lettres de noblesse. Sur ce coup là, Eepocampe semble avoir raté de peu le coche...