Considéré aujourd’hui encore comme l’un des chefs de file de l’actuelle scène black-metal américaine, Absu avait rassuré avec son retour sur le devant de la scène en 2009, soutenu par un album éponyme qui avait divisé, aussi bien les fans que la critique. Continuant sur cette lancée, le groupe nous dévoile aujourd’hui son nouveau-né, le sobrement nommé "Abzu".
Pour ceux qui l’ignore, Absu est une formation black-metal pour le moins particulière et unique en son genre. Le groupe n’hésite pas à incorporer des éléments thrash, festifs, celtiques et presque dansants à une structure metal noir traditionnel. Entendons par cette structure traditionnelle, des riffs acérés, une voix ténébreuse et des blasts en-veux-tu-en-voilà. Contrairement à grand nombre de groupes de black metal qui revendiquent férocement une inspiration old-school et un retour aux ambiances glaciales des grands classiques parus dans les années 90, Absu se range plutôt aux cotés d’un Immortal : une musique plus violente qu’atmosphérique, (un peu) trop propre pour ravir les amateurs de black-metal cru et sombre.
Pour ce qui est de ce "Abzu", il faut dire que ça part un peu dans tous les sens ! "Earth Ripper", titre d’ouverture, son cri à la Joey Belladonna et ses guitares façon folk metal sont là uniquement pour divertir et amuser, et il n’est aucun cas question de black-metal avec ce morceau. Très mauvais choix donc, pour débuter un album. Surtout quand l’on découvre les pépites que sont le puissant "Circles Of The Oath" ou encore l’excellent "Skyring In The Spirit Vision", sans aucun doute le meilleur titre du disque. Sur ces 5 autres titres, Absu nous délivre une musique torturée à l’inspiration parfois incertaine, saupoudrée de quelques solos discrets sans réels intérêt, et de très belles interventions à la guitare acoustique.
Nous noterons également la présence d’un final, prévisible certes, mais extrêmement bien mené, l’épique quart d’heure qu’occupe "Song For Ea", soit une bonne moitié de l’album. Parfaitement représentatif de la musique d’Absu, ce titre à la limite du progressif, est tour à tour violent, précis, mélancolique (la guitare acoustique et les bruits de cloches mortuaires font toujours leur petit effet !), et à nouveau violent. C’est donc sur une véritable épopée que le groupe clôt un album à la structure assez casse-gueule.
Les Américains signent donc un album qui ne restera malheureusement pas dans les annales, la qualité globale ne reposant que sur quelques titres. Cela dit, il serait intéressant de poser rapidement une oreille attentive aux précédentes productions d’Absu, cet "Abzu" ayant su titiller malgré tout une certaine curiosité. Le groupe remporte également le prix de l’originalité, pour ce mélange tout à fait inédit et franchement délirant ! Ca ne vaut donc pas un grand détour, mais ce n’est pas non plus à jeter. Plutôt à potasser…