Doogie White n'est pas un nouveau venu dans la grande cour du Rock. Si certains se souviennent de sa participation à la dernière mouture de Rainbow en 1995 (être choisi par Blackmore comme chanteur est une preuve de talent et de tempérament), il est aussi le chanteur du groupe Cornerstone depuis 2002, a chanté pour Malmsteen, sorti sous le nom Demon's Eye un très bon album en hommage à Deep Purple en 2010, et a bien failli rafler la mise devant Blaze Bayley au titre de nouveau chanteur de Maiden. En vingt années de carrière, le gars a su s'imposer et propose enfin son premier album solo au titre non dépourvu d'humour "As Yet Untitled". Et autant le dire de suite, c'est du solide. Car si la voix n'a rien perdu de sa superbe, bien au contraire, le groupe derrière (Doogie retrouve ici des amis de Tank, Whitesnake, Malmsteen, Rainbow, Purple, Ted Nugent, Edens Curse, Hammerfall et autres) et les compos possèdent une sacré classe et un aplomb que le fan le plus exigeant de Hard Rock métallique aux influences néoclassique saura apprécier.
Et 'Come Taste The Band' de le prouver d'emblée. Il est un hommage non déguisé à Deep Purple et son album du même nom (les clins d'œil au jeu de Tommy Bolin et aux effets d'Hammond de Lord sont nombreux) et explose tout en groove et Rock n’Roll après longue une intro de clavier digne d'un Jon Lord mais avec la modernité nécessaire. La ligne de chant et son refrain sont tout simplement irrésistibles et Doogie White nous offre ici un hymne néoclassique digne de sa trempe et, sans aucun doute, sa meilleure réussite à ce jour dans ce sens. A peine remis de cette bombe, c'est un riff très typé Angus Young qui accueille l'auditeur abasourdi (au break funky incongru mais s'intégrant à merveille). Avec une facilité surprenante, la voix de Doogie passe des envolées néoclassiques à la hargne du Hard Rock binaire. Cette influence venue d'Australie sera plus criante encore sur un 'Catz Got Yer Tongue' aux allures de compresseur gavé de choeurs.
L'album se déroule ensuite sans temps mort, tout en Rock (Hard ou Heavy), groove et efficacité. 'Dreams Lie Down and Die', lourd et habité, rappelle Dio et aurait pu figurer dans le "Stranger In Us All" de Blackmore. 'Lonely' joue dans la catégorie néoclassique up-tempo mais innove avec un groove et une grosse rythmique, offrant un des titres les plus enthousiasment de l'album. 'Land Of The Deceiver' enfonce le clou dans une veine métallique (Doogie y chante un ton au dessus et nous parle une fois de plus de Gypsy) alors que 'Living On the Cheap', limite AOR, voit s'éprendre un Derek Sherinian en grande forme. Chaque solo de guitare se veut mémorable et mélodieux et la voix de Doogie, qui porte l'album de bout en bout, semble ne jamais flancher ou perdre de verve quelque soit le ton, l'attaque, la fluctuation imposée par les différents styles explorés ici.
S'il fallait une ultime preuve du talent énorme de ce Monsieur, la voilà. Là où d'autres chanteurs finissent par se planter par manque de technique ou de cœur, rendant leurs compos moins consistantes (vous savez, de celles qui nous parlent que quelques jours puis qu'on laisse de côté pour d'autres), Doogie White fait la différence. Le final 'Time Like These' est en toute logique la cerise sur le gâteau, un titre lourd et épique, évoquant une fois de plus Rainbow mais aussi Whitesnake.
Voilà un album qui va tourner sur vos platines, et qui comble sans l'ombre d'un doute la longue attente des fans du chanteur écossais. Vivement la suite !