Aujourd'hui groupe reconnu de la scène métal progressive, Symphony X a vu le jour en 1994 quand le guitariste américain Michael Romeo, lassé de la musique qu'il jouait avec Phantom's Opéra, s'est lancé dans une carrière solo. Il en résulte une démo instrumentale, "The Dark Chapter", qui lui permet de faire valoir son gout pour la musique progressive, Yngwie Malmsteen et le métal mélodique. Peu de temps après, il réunit un groupe autour de lui avec notamment Michael Pinnella aux claviers et Rod Tyler au chant et lance sa formation, Symphony X. Il en résulte un premier album éponyme sorti fin 1994 grâce au soutien du label japonais Zero Corporation, les Japonais étant grands fans de métal progressif et néo-classique. Et en 10 titres Romeo et sa bande prouvent qu'ils possèdent déjà un immense potentiel même si ce jet éponyme n'est pas au niveau de ce que le groupe fera par la suite.
On y retrouve un heavy mélodique et progressif fortement encore influencé par Queen et Malmsteen, Romeo jouant à la perfection mais se laissant parfois trop emporter par son enthousiasme, ajoutant quelques longueurs et passages techniques dispensables. Le tout est de plus un peu handicapé par un son assez cru et manquant un peu de puissance. De plus le chanteur Rod Tyler manque un peu de puissance vocale et malgré de louables efforts handicape un peu les titres proposés.
Malgré tout il y a de bonnes choses sur ce premier album de Symphony X, la fougue de la jeunesse y transpire à chaque instant tout comme y transparait, pour Romeo, l'envie de jouer et de proposer la musique qui lui plait. Ainsi, à commencer par "The Raging Season" qui sonne fortement comme Queen, pour les harmonies vocales, les riffs de guitares et le break au piano, des titres ressortent du lot. "Masquerade", "Absinthe And Rue" ou encore "Premonition", présentent de très beaux passages au piano et à la guitare montrant un métal progressif déjà bien exécuté et prometteur. De plus, certains refrains sortent du lot comme celui de "Masquerade", titre qui est un parfait mélange entre progressif et néo classique, et le meilleur titre de l'album, proche de l'esprit du Symphony X actuel.
Le reste n'est pas si mauvais que ça mais manque encore de personnalité et du petit truc qui le détacherait du lot. On sent aussi clairement les limites vocales de Tyler sur un "Taunting The Notorious" un poil cacophonique, et "A Lesson Before Dying" aurait gagné à ne pas durer aussi longtemps (plus de 12 minutes), trop de répétitions gâchant le bel exercice symphonique proposé.
S'il contient toutes les émotions liées à un premier album, "Symphony X" reste malgré tout un disque mineur et le plus faible de la discographie du groupe américain, mais il est à découvrir pour quelques morceaux de qualité, une musicalité sans failles et pour bien comprendre l'histoire et les fondements du groupe. De plus, au vu du potentiel exprimé, il ne fait guère de doutes qu'avec quelques retouches Symphony X pourra taper fort très rapidement.