Le rock n’est pas encore prêt de disparaître si on en croit la détermination de ce jeune groupe originaire de l’Essex à fortifier les fondations encore saines du genre. Bien entouré depuis ses débuts, tantôt mobilisant le talent de Chris Sheldon (Foo Fighters, Garbage,…) à la production, tantôt tournant avec des artistes de renom tels que Oceansize, le combo d’ Harlow livre ici son troisième feu follet d’énergie brute, apologie sans retenue du rock old-school dans lequel il semble avoir barboté depuis sa plus tendre jeunesse.
Brandissant des guitares au grain sale, quasiment grunge, le quartet guide la révolte avec un punch terriblement communicatif, une vitalité presque sauvage et insoumise qu’Iggy Pop n’aurait lui-même pas reniée. Dès "Five Years", les jeux sont faits, la voie rock dans lequel s’engage l’album insufflera la même gentille fougue d’un bout à l’autre, qu’un pavé comme "Mary's Midnight Prayer" viendra par ailleurs moduler en une pérégrination à quelques encablures d’Oceansize.
Mais à trop vouloir en faire, les Anglais perdent sensiblement en cohérence. L’émulation, rafraîchissante à ses débuts, se mue très vite en un bouillonnement sonore sans ligne directrice concrète ; vitesse et précipitation se confondent alors. Et même lorsque le rythme ralenti au creux d’un virage ballade ("Patient(ce)")ou aux couleurs jazzy ("YOU."), le fil conducteur n’est toujours pas identifiable de façon distincte.
La faute peut-être au chant très maniéré (bien que pas foncièrement désagréable) de Dave Walsh, quelque part entre Daniel Gildenlöw (Pain Of Salvation) et Brandon Boyd (Incubus) mais qui peine à tenir en place à l’image du groupe. C’est un peu la cohue dans ce monde en feu.
Nul doute que The Worldonfire était à une escarbille d’allumer un brasier incandescent. Mais la très forte vigueur, certes spontanée quoique rétive, a quelque peu noyé les idées que l’on perçoit pourtant filtrant à travers cette cataracte d’agitation.