2011 est une année particulière pour Anders Rydholm, Peter Sundell et Per Svensson puisque cela fait 25 ans que les 3 Suédois travaillent ensemble, d’abord sous le patronyme de Promotion, puis sous celui de Grand Illusion depuis 2001. Après un break de 6 ans suite à l’album "Ordinary Just Won’t Do" (2004), "Prince Of Paupers" fait suite à l’excellent "Brand New World" (2010) et reprend les affaires où ce dernier les avait laissées. C’est ainsi que nous retrouvons Greg Bissonette (David Lee Roth, Spinal Tap, Ringo Starr…) à la batterie, Tim Pierce (Rick Springfield, Michael Jackson, Phil Collins…) à la guitare rythmique et partageant les soli avec le jeune prodige croate Muris Varajic, ainsi qu’une nouvelle brochette de pointures en guest sur plusieurs morceaux.
Si Grand Illusion est particulièrement remarquable de par son approche d’un Aor/Hard FM allant du Westcoast aux limites du Hard Mélodique, ce "Prince Of Paupers" débute par une surprise de taille avec un "Gates Of Fire" bombastic, propulsé par les arrangements orchestraux de Paul Buckmaster (Elton John, David Bowie…) et dont les chœurs ne sont pas sans rappeler certains groupes plus power-métal tels que Rhapsody Of Fire, alors que Queen est la référence qui revient d’habitude dans ce domaine. A la fois étonnant, ambitieux et puissant, voilà qui ouvre les hostilités sur de bonnes bases. Le reste revient sur des territoires plus classiques pour le trio scandinave avec quelques perles telles que le Westcoast au refrain accrocheur de "Better Believe It", le Hard FM dynamique de "St Teresas Love", ou la ballade "So Faraway" dont le solo est interprété par Steve Lukather (Toto).
L’ensemble, superbement produit par Anders Rydholm himself aurait aisément pu prétendre aux sommets du genre pour l’année 2011 s’il ne se trouvait pas handicapé par un chant parfois limite ("Eyes Of Ice"), inutilement poussé et alourdi par des cris frôlant le ridicule. Surprenant lorsque l’on sait que Sundell et Svensson se partagent les vocaux et qu’il y avait ici matière à mieux se répartir les rôles en fonction des capacités de chacun. La question se pose de savoir ce qu’aurait pu donner le dynamique et accrocheur "On And On" avec des lignes vocales plus adaptées.
L’autre souci vient du fait que Grand Illusion ait choisi de concentrer ses meilleurs titres en début d’album, ce qui entraine un décrochage en seconde partie, celui-ci étant amplifié par les soucis de chant évoqués précédemment et beaucoup plus prégnants à partir du médian "Eyes Of Ice", provoquant ainsi une dégringolade des plus frustrante.
6 ans entre ses 2 précédents albums et une seule année entre "Prince Of Paupers" et son prédécesseur : voilà qui semble justifier l’inégalité de cet opus ! Dommage car il y avait là de quoi s’installer sur les sommets du genre grâce à une identité forte et des qualités de composition et d’interprétation au-dessus de la moyenne. Nous conseillerons donc à Grand Illusion de prendre son temps avant sa prochaine livraison. Si cela doit permettre aux Suédois de nous sortir une œuvre dont l’intégralité sera à la hauteur du début de ce "Prince Of Paupers", le jeu en vaut la chandelle !