“Freaks Of Nature” est la dernière production originale de Kansas, période Walsh. Après un “Power” relativement formaté, Steve Walsh s’était essayé au concept-album tendance comédie musicale avec “In The Spirit Of Things”, et ces deux essais n’avaient pas réussi à convaincre les fans du groupe. Aussi le line-up va-t-il subir un léger lifting, Steve Morse abandonnant le navire, et David Ragsdale intégrant l’aventure. Le violon fait ainsi un retour remarqué : une façon de renouer avec les aficionados du groupe ?
“Freaks” semble avoir été composé avec un cahier des charges précis : saupoudrage de violon dans chaque morceau, partout là où cela est possible, et rythmique dopée pour céder à la mode ambiante. La batterie habituellement aérienne de Phil Ehardt est donc aux avant-postes (‘Under The Knife’, lourd), la basse se fait ronflante (‘Black Fathom’, ‘Desperate Times’) et la guitare se distord souvent (‘Cold Grey Morning’). Autre contrainte que se sont imposé les compositeurs : pour sonner plus progressif, utilisons les ruptures bien marquées ! Les breaks surgissent donc à tout propos, et parfois hors de propos ; l’utilisation de pizzicati néo-classiques au milieu d’un morceau plutôt frustre comme ‘Hope Once Again’ ne manquera pas de surprendre.
Avec des claviers très en retrait, les arrangements restent plutôt sages et uniformisent le propos. S’il n’y avait pas le violon, et les interventions incisives de Rich Williams à la guitare, ce “Freaks” resterait bien anonyme, tant les titres sont moyens. Seuls le morceau-titre, rapide et énergique, ‘Need’ et ses arrangements orientalisants, ou ‘Under The Knife’, à l’ambiance prometteuse mais limitée par les choix de production, peuvent tirer leur épingle du jeu.
Avec cet effort, Steve Walsh n’aura pas réussi à rameuter les fans historiques: l’album sera le plus gros échec commercial du groupe. Le savoir-faire de Kansas arrive cependant à rendre le résultat acceptable, mais cette appréciation est-elle suffisante pour un groupe mythique comme celui-ci ?