L'amateur de rock progressif est un individu difficile à satisfaire : les progressistes purs et durs hurlent au massacre dès que la rythmique se distord un peu, tandis que les amateurs de metal baillent quand la musique s'engage dans les développements à rallonge avec des arrangements éthérés. Venu de Pologne (eh oui, encore!), le groupe Landscape prend le parti d'associer une guitare typée hard-rock et des sons plus planants basés sur ceux des synthés analogiques des 70's. Pari gagnant ?
Si le groupe se revendique de Porcupine Tree - ce qui n'a rien de bien original par les temps qui courent -, c'est plus évidemment la référence à Sylvan qui vient à l'esprit à l'entame de ce "Outside of Nowhere", avec un son mixant une rythmique bien présente mais pas envahissante, des claviers (fort discrets) plus soft et surtout avec le timbre de voix de Mateusz Iskandar qui rappelle nettement celui de Marco Glühmann.
Landscape reste cependant plus rock que metal, avec une section rythmique très en place et très efficace, le batteur délivrant notamment quelques montées bien jouissives à la double-pédale ('Oustside of Nowhere'). Si les claviers se limitent à un rôle d'accompagnement, il est impossible de passer sous silence la prestation de Piotr Lniany, impeccable à la guitare, avec d'excellentes interventions (mention spéciale au solo de 'Circles', technique et musical à la fois) ; assurément quelqu'un à suivre !
Pour un premier album, le résultat est plus que probant. Landscape possède un sens certain de la mélodie ('Outside of Nowhere' et son refrain imparable, ou 'The War'), n'hésite pas à poser quelques riffs bien dynamiques ('Burning Ice', avec quelques touches death au chant), vogue sur quelques touches planantes (l'entame de 'Circles'), et ne dédaigne pas d'approcher le symphonique ('Through the Prism of Time'), même si les claviers sont trop limités pour entrer pleinement dans ce style.
C'est ainsi que Landscape frôle le parcours sans faute dès son premier essai. Ce groupe arrive avec des compositions qui tiennent la route, possède une identité qui demande encore à être affirmée et arrive à garder un bel équilibre dans ses trois composantes : rock, progressif et modernité. Il ne manque qu'un peu de diction au chanteur et quelques finesses dans certaines transitions, mais il faudra suivre l'évolution de ce jeune combo avec attention !