"Absurde" : adjectif provenant du latin absurdus, discordant : qui est contraire à la raison, au sens commun, qui est aberrant, insensé (Larousse). Ainsi s'appelle la huitième et dernière prodution des Italiens du groupe Garden Wall. Un groupe qu'il est difficile de rattacher à la mouvance progressive italienne classique, puisque ses précédents opus s'organisaient autour d'un métal agressif teinté de psychédélisme.
"Absurdo" change légèrement la donne en se donnant des airs nettement plus expérimentaux. Si les guitares distordues et le chant hurlé font toujours partie de l'arsenal du combo, les titres regorgent de récitatifs tantôt en italien, tantôt en anglais, et peut-être en espagnol (pourquoi ? Mystère …), très théâtralisés (mention spéciale aux roulements de "r" de 'Vacuum Fluctuation', efficacement ridicules) et posés le plus souvent sur des boucles courtes (deux mesures), très répétitives et pas forcément mélodiques.
A ce petit jeu, l'auditeur se sent rapidement mis de côté. Malgré une production équilibrée et un jeu technique sans réel reproche, l'agacement progresse tout au long de l'écoute, d'une manière aussi efficace qu'inexorable. D'autant que de longues séquences atonales sans aucun intérêt font irruption de ci, de là ('Just Cannot Forget', très oubliable contrairement à son titre), achevant de consterner le spectateur, qui se retrouve réduit après une petite demi-heure à rechercher les parties écoutables : souvent des errements de violon ('Butterfly Song', milieu de 'Vacuum Flucutation'), une basse funky intéressante ('Trasfiguratofunky') … et c'est à peu près tout (ah, si, une minute au milieu de 'Flash' !). Le reste se noie dans les bruitages électroniques ("Landscapes" dans le livret), les éructations vocales ou les murmures maniérés, sans réel thème mélodique captable, à l'image du titre final, habilement découpé en une moitié atonale et une moitié expérimentale.
Hermétique, répétitif et boursouflé, cet "Assurdo" porte finalement bien son nom. A trop vouloir chercher la singularité, Garden Wall s'isole dans un avant-gardisme que les meilleures volontés auront du mal à déchiffrer. Inécoutable en ce qui me concerne.