Pourquoi n’y ont-ils pas pensé plus tôt ? En effet, la question mérite d’être posée tant la musique de The Atomic Bitchwax se prête à ce genre d’exercice. Mais de quel exerice s’agit-il, devez-vous vous demander ? Eh bien de celui qui consiste à coucher sur bande un seul et unique morceau de musique pour, dans le cas qui nous intéresse, plus de quarante minutes de son. Si les priapiques du progressif sont friants de ce type de marathon sonore, les Marty McFly du rock psychédélique et du space rock voire même du Stoner, le sont également, que l’on se souvienne du Tab enfumé tricoté par Monster Magnet en 1991 ou de l’hallucinant Jerusalem de Sleep, tandis que Earthless et ses interminables dérives instrumentales n’en est pas loin dans l’esprit.
Formés par des mercenaires de la scène Stoner US, issus de Monster Magnet justement (le nom du groupe n’est d’ailleurs pas anodin, ses initiales correspondant à T.A.B.) ou de Godspeed et en dépit de tentations pour les jams aux forts relents d’herbe, The Atomic Bitchwax est toujours demeuré fidèle à un format conventionnel basé sur des titres dans l’ensemble assez courts. Jusque là du moins car avec The Local Fuzz, c’est un double coup de folie, que peut expliquer peut-être une overdose de substances illicites, qui a visité le power-trio
Pour le premier, il s’agit donc du choix O combien casse-gueule visant à composer une seule piste. Mais comme ce pari ne leur suffisait pas, le groupe a ni plus ni moins décidé de baillonner son chanteur pour tenter une autre aventure, celle du 100% instrumental ! Et contre toute attente, The Local Fuzz est une orgie pure et simple, réussite de bout en bout qu’aucune baisse de régime ni temps mort ne viennent en ramolir l’intérêt. C’est là tout le talent de ces musiciens qui, malgré l’évidente maîtrise de leurs manches et de leurs fûts, font passer le plaisir jouissif avant la démonstration, le feeling avant l’étalage technique que l’exercice pouvait pourtant imposer. Sur un socle très rock, The Atomic Bitchwax délivre une bacchanale électrique, toujours groovy et maintenant l’intérêt depuis les premières mesures délicieusement psyché jusqu’aux notes finales pleines d’effets.
Les Américains ne se prennent jamais les pieds dans le piège de l’improvisation nébuleuse, ils avancent avec l’assurance tranquille de musiciens qui savent où ils désirent nous conduire, sans nous perdre en route car leur écriture est fluide et ne se réduit pas à un simple agglomérat de plans mis bout à bout mais au contraire trahit un vrai découpage ainsi qu’une construction rigoureuse. Face à une telle réussite, on en viendrait presque à souhaiter que le trio continue par la suite sur cette démesure qui sied à merveille à leur Stoner psyché sous fumette.