En raison des sempiternelles divergences musicales, dont témoigneront dès l'année suivante The Phantom Agony d'Epica et ce Exordium, After Forever se sépare en 2002 de celui qui fut à la fois son co-fondateur et son principal compositeur, Mark Jansen, lequel, ne partage alors plus la direction musicale envisagée par le reste du groupe, et notamment le couple formé par Floor Jansen et Sander Gommans, désireux de s'éloigner du rivage du pur Metal gothique et symphonique pour une plastique plus moderne, moins emphatique.
Sans aller jusqu'à penser que le groupe ne réussirait pas à survivre à cette séparation (l'a-t-il pourtant réussi, son split final six ans plus tard paraît en effet le confirmer), nous pouvions tout de même nourrir quelques inquiétudes, même si le charme et la puissance vocale de la chanteuse permettaient de rester confiant en l'avenir. Afin de faire patienter ses fans et d'offrir un avant-goût de l'album à venir, le futur Invisible Circles, les Bataves gravent en 2003 Exordium, EP riche de six titres dont la luxueuse édition sous forme de digibook (une spécialité chez Transmissions) s'accompagne d'un petit DVD avec clip vidéo, making of de ce dernier, reportage en studio.
Et force est de reconnaître que, en dépit de la voix intacte et plus grandiose que jamais de Floor et de la présence des growls habituels (désormais assurés par Gommans), quoique ceux-ci semblent en retrait par rapport à l'ère Mark Jansen, After Forever a entamé la mue pressentie. La reprise énergique du "Evil That Men Do" d'Iron Maiden, dont le chant féminin ne la rend que plus intéressante, participe d'une cassure artistique avec les racines extrêmes du groupe, encore timide mais néanmoins bien réelle. La présence de deux ballades (soit un tiers d'un menu qui compte également une piste instrumentale en guise d'introduction), certes puissantes, procèdent d'une même évolution. Plus que "One Day I'll Fly Away", autre reprise, plus étonnante encore puisqu'il s'agit d'un titre de Randy Crawford, aux allures cinématographiques, "My Choice", la première d'entre-elle, demeure, avec la cover de la Vierge de Fer, l'intérêt majeur de cet apéritif. Floor chante comme si demain ne devait pas exister et nous donne des frissons partout. Le reste est composé de deux titres plus inégaux, "Glorifying Means", le plus agressif du lot mais où l'absence du démissionnaire se fait cruellement sentir, et surtout "Beneath", agréable sans être essentiel.
Mitigé, Exordium n'en rassure pas moins, bien aidé il est vrai par les solides performances live d'un groupe au capital sympathie évident, et première étape vers une (re)construction poursuivie par Invisible Circles en 2004.