Zebarges est un groupe français de 'Vlöbeurghhh Metal' curieusement composé d'un chanteur, un bassiste et une boite à rythme. Après deux albums studio et des participations à de nombreux autres projets comme Mass Grave, White Bastard, Thrasera ou Dyslaynom, ils nous proposent en 2011 une troisième production studio intitulée "Stay Barges Or Die ! ! !".
Les gars, qui ont plus de dix années au compteur, savent faire évoluer leur formule. Ainsi, en quelques années, AC/JC s'est assagi et s'est aussi acheté une nouvelle boite à rythme (et la différence s'entend, rendant la musique bien plus accrocheuse sur la longueur) alors que Paskiss semble explorer ici de nouvelles lignes vocales, plus nuancées et mélodieuses, par plaisir mais aussi pour surprendre et déstabiliser volontairement l'auditeur. Ils le disent eux même, leur objectif est de donner aux auditeurs ce qu'ils n'attendent pas, tout en restant Rock N'Roll… et barges.
Et puis, l'âge venant (et l'expérience avec) Zebarges porte un regard sur le monde et le temps qui passe, comme beaucoup de compatriotes anglais sauf qu'ici on comprend les textes, et parvient, par un détour comique, à nous interpeler comme sur un 'Partager Quelques Bières Avec Toi' très paternel ou 'Gueules Cassées'.
Mais la légèreté, insidieuse, se faufile partout comme le naturel revenant au galop. Cela se traduit par des intonations volontairement exagérées de Paskiss, des breaks garnis de coups de sifflets, de sons de cloches sur l'indispensable 'Heureux Comme Un Funréal Black Metalleux' (tout est dans le titre) ou 'Samba 666' qui semble avoir des comptes à régler avec les jeunes métalleux et leur look à la Ghost Whisperer (dixit AC/JC). Côté Metal, 'Testament', 'Zebarges II' ou 'Bienvenu en France' et ses blasts electro beat balancent sec et, même s'il manquera le mur de guitare pour certains, l'esprit est bien là. 'Très très Menteur', dans la même veine, balance presque nominativement quelques gens malhonnête du milieu.
L'album contient également plus de guitare, même s'il n'est pas toujours évident pour le novice de la différencier d'une basse souvent déguisée par multiples effets mais aussi par le jeu très diversifié, riche et subtil d'AC/JC (écoutez 'La Java Triste Mais Jolie Quand Même', au texte grave même si refermé sur un Youpi et vous vous en ferez une idée).
Parmi les autres bons moments, nous découvrons 'Promets-Moi Nina', punk à souhait avec sa rythmique enlevée. Ses paroles toutes en finesse (le clin d'œil à Savatage) oscillent entre délires beaufs aux accents du Nord et grosse voix de hardeux, le tout parfois à contre temps, renforçant l’aspect surprenant du tout. Ajoutez à ça une reprise de Motörhead sauce Zebarges avec 'Barbarella's Desire', une version très personnelle, drôle et entrainante d' 'Orgasmatron', et le tour est joué.
Pour celui qui habituellement n'est pas très friand de ce genre de délires, il trouvera ici une authenticité, une personnalité, un plaisir tellement palpable et partagé, qu'il pourrait bien y adhérer avec un plaisir non feint, et une véritable envie d'entrer dans l'univers pas si fou que ça de Zebarges.