Neuf ans que les troupes fanatiques des adorateurs du Dieu AOR attendaient le retour de Mecca... Neuf années à se demander quand le Père Vana, émérite vocaliste géniteur du combo, allait daigner proposer un second album à la suite de l'opus éponyme du groupe anglais. Il faut dire que les critiques dithyrambiques émanant des médias spécialisés qui avaient porté le charmant bébé sur les vagues du succès avaient de quoi nous amener à nous demander s'il ne fallait pas s'agenouiller devant l'autel Mecca et prier en égrenant nuit et jour un chapelet glorifiant le miracle. Il faut avouer que ce premier opus, avec à son bord trois ex-membres de Toto soit Fergie Frederiksen, Bobby Kimball et David Hungate, avait du lourd à proposer.
Undeniable la seconde offrande débarque donc enfin sur nos platines. Exit les Toto's Boys, bienvenu à Tommy Denander (qu'on ne présente plus) pour les compositions et les guitares et à quelques pointures comme le bassiste Tony Levin (Liquid Tension Experiment, King Crimson) et le batteur Pat Mastellotto (King Crimson, Mr Mister). Oui je sais, ça fait saliver aussi.
Alors me direz-vous, conserve-t-on la bave aux lèvres tout au long de l'écoute de ce disque ? Hé bien je répondrais par l'affirmative en complétant cet avis d'une notable mise en garde. En effet, assez curieusement, car nous y sommes ma foi peu accoutumés dans le monde de l'AOR où les effets du charme d'un album ne se font pas attendre au fil de la première écoute, il convient ici d'y revenir à plusieurs fois pour se laisser séduire. Ceci n'est point une vue de l'esprit tant votre serviteur est passé d'une déception prononcée marquée au fer rouge de la désuétude à une addiction caractérisée à l'écoute de cette œuvre.
La faute à qui ? La faute aux mélodies qui demandent à être apprivoisées car elles ne s'allongent pas d'emblée sur le dos en attendant que vous leur caressiez le ventre. C'est tout, mais c'est la clé. Celle qui vous permettra d'apprécier hautement cet album pour peu que des groupes comme Asia, Foreigner et Toto parlent à votre cœur de Rocker.
Tous les titres fonctionnent admirablement y compris, parmi tous ces mid-tempo, le musclé "W2W", les ballades "Deceptive Cadence" et "As I Walk Alone" et le Funky (sur les couplets) "Life's Too Short" qui fait parfois penser au "Roll The Bones" de Rush. Les guitares sont rutilantes, forcément Denander ne joue pas avec des moufles, et la production d'une netteté hallucinante. C'est propre, carré, intelligent, mélodieux, efficace et pensé pour durer.
En conclusion, voilà bien une excellente surprise. J'étais peu emballé à l'idée de chroniquer cet opus n'ayant pas craqué sur la première livraison de Mecca (mais je vais y retourner) et peu emballé par la première écoute de ce second volet. J'ai insisté (parfois un canon de fusil sur la nuque ça aide…) et j'ai bien fait (…merci patron). Ci-devant vos oreilles attentives une œuvre hautement recommandable.