Troisième production en trois ans ! Avec la parution de "Black Forest", Agents Of Mercy fait montre d'une belle productivité. Pour mémoire, le groupe est un side-project de Roine Stolt, qui s'est fait un nom comme guitariste des Flower Kings. Agents Of Mercy est à ranger dans ce qu'il est convenu d'appeler les super-groupes, sommes de personnalités connues dans le monde musical, avec ici, le chanteur Nad Sylvan (Unifaun), Jonas Reingold (TFK), Lalle Larsson et Walle Wahlgren, un line-up stable depuis le dernier album.
Pas de grande surprise donc à attendre de "Black Forest", toujours dans un style progressif affirmé, dynamique et teinté de symphonisme. Tous les projets issus de la mouvance TFK font montre d'une belle qualité, à l'image de Beardfish ou Karmakanic. L'auditeur sera ainsi conquis par le titre éponyme, le plus long et de loin le meilleur de l'album, un morceau qui semble synthétiser tout le savoir-faire des Suédois, sorte de prototype progressif moderne, mettant tous les instruments en valeur, avec des ruptures bien placées qui font varier ses ambiances du calme à l'ample, des claviers Banksiens ou Wakemaniens (les orgues terminales), des touches genre flûte, des montées progressives sur des gros solos de guitare, des parties vocales habilement disséminées, le tout servi avec une production impeccable par des musiciens stupéfiants d'aisance... 'Black Forest' est vraiment une entame idéale.
Et ensuite ? C'est tout le problème de cet album car le soufflé retombe progressivement, gardant encore une certaine tenue avec 'A Quiet Little Town' et sa basse funky ou avec la douce mélodie de 'My Elegy', finement distillée par Nad Sylvan. Puis le conventionnel ressurgit, avec l'ambiance assez jam de 'Citadel', et l'attention se dilue peu à peu jusqu'aux derniers accords peu convaincus de 'Kingdom Of Heaven'. Malgré une technique impeccable, les morceaux peinent à insuffler une émotion et à maintenir l'attention.
Cet essoufflement est probablement le témoin d'un relatif manque d'inspiration qui est à relier avec la frénésie productive de certains groupes, un syndrome auquel n'avaient pas échappé les Flower Kings en leur temps. Si seulement tout l'album avait eu la qualité du morceau d'ouverture...