N'ayant pas écouté The One Amongst The Weed Fields, simple EP basé sur des reprises (Pink Floyd, The Doors...), nous avions quitté The Atlas Moth il y a deux ans avec A Glorified Piece Of Blue-Sky, un galop d'essai qui, bien que suffisamment prometteur pour que nous notions alors de suivre d'assez près sa carrière, ne nous a finalement pas laissé de durables résidus dans la mémoire. Une signature chez l'une de nos officines préférées en matière de musique lourde nord-américaine (Profound Lore, auteur du plus grand hold-up de l'année dans le genre : Dark Castle, A Storm Of Light et en attendant Pallbearer), un titre énigmatique et un visuel qui l'est tout autant, à la nudité affichée forcément attractive pour le pervers pépère qui sommeille (encore) en nous, auront suffi à nous rappeler à notre (bon) souvenir ce groupe plus original qu'il n'en a l'air dans sa manière de mixer Doom, Sludge et Post Rock avec une réussite certaine.
Mieux, masterisé par James Murphy (Death), An Ache For The Distance dévoile un collectif que l'on attendait pas à un tel niveau d'inspiration. La maturité enfin acquise, The Atlas Moth a ainsi gagné en profondeur. Denses et ramassés mais vibrant d'une énergie sourde, chaque titre se révèle être un joyau d'écriture et d'atmosphère(s), guidé par un remarquable travail sur les parties vocales, tour à tour écorchées ou plus neurosiennes ("Gemini", véritable travail d'orfèvre, ou bien encore "Perpetual Generations").
Souvent belles car érigeant des câbles de désespoir, à l'image de l'obsédant "Coffin Varnish" et "Holes In The Desert", une des pièces d'anthologie d'un menu qui n'est pourtant pas avares de ce genre de gemmes, les guitares envoûtent autant qu'elles attirent la musique façonnée par les Américains vers un abîme de plomb ("25s & The Royal Blues", aux relents bluesy pollués et lointains). Macérant dans une nasse terreuse, An Ache For The Distance sécrète une mélancolie qui prend aux tripes, sentiment rôdant toujours au détour de ces compos chiadées qui grouillent de stigmates mélodiques et où pointent en filigrane des références au rock psyché voire progressif des années 70, comme l'illustre avec discrétion et douleur "Your Calm Waters".
Fidèle à une signature qui commence peu à peu s'extraire de sa gangue, The Atlas Moth a incontestablement progressé depuis A Glorified Piece Of Blue-Sky et gageons que, contrairement à ce dernier, cette seconde offrande ne se fera pas oublier de si tôt, ouvrant un avenir qui en toute logique devrait se montrer passionnant à suivre si le groupe maintient ce niveau d'inspiration...