"Symbiose" est le deuxième album de la formation québécoise Jelly Fiche. Alors qu'une grande majorité de groupes de Rock Progressif font le choix de la langue Anglaise, Jelly Fiche persiste et signe ses dix nouveaux titres en Français.
Le groupe définit "Symbiose" comme un concept album qui nous raconte une histoire d'amour à travers l'espace temps, la quête de l'homme vers sa réalité, vers l'équilibre des mondes. Les textes sont travaillés et seule une écoute attentive permettra d’en apprécier la profondeur. Ils sont mis en valeur par la voix de SYD, sans faille, claire et puissante.
D’un point de vue musical c’est également le carton plein. Le groupe, constitué uniquement du guitariste Jean-François Arsenault et de SYD, a invité huit autres comparses sur ce projet. Ils sont venus avec dans leurs bagages de nombreux instruments allant du piano à la trompette en passant par le violoncelle et autres percussions. Devant tout ce déballage le danger serait de tomber dans le too much. Jelly Fiche évite intelligemment ce piège et distille des compositions harmonieuses.
Si les cinq premières plages sont d’une durée de moins de 5 minutes, les cinq dernières les dépassent toutes. Cette répartition est également la même pour l’accessibilité des titres. Si les premières plages capteront immédiatement et facilement l’auditeur, les titres de la seconde partie nécessiteront un peu plus d’attention.
Dès le très réussi 'Le Vide', les guitares de Jean-Francois Arsenault ponctuent l’ambiance musicale et alternent entre passages acoustiques et un son bien plus métallique. Les amoureux du piano devraient apprécier la belle ballade 'Eve'. 'Le marchand d’hommes' quant à lui aurait pu faire un peu plus de trois minutes sans que personne ne trouve rien à y redire. Pourtant c’est à ce moment là que ce titre prend toute sa valeur avec un petit passage jazzy et une nappe de saxophone puis un nouveau départ avant une reprise du chant pour un final époustouflant.
Je pense que 'Dualité' est le meilleur titre de cet opus. Le personnage évoque son passage de la vie à la mort. La poésie joue son rôle appuyé en cela d’un ensemble trompette/guitare qui aurait trouvé sa place sans aucun problème sur "Atom Heart Mother" de Pink Floyd. D'autres préféreront certainement le très envoutant 'Au Nom d'Apo Calypso' avec ses sonorités orientales originales très réussies.
En guise de conclusion, j’avoue être plus conquis par la seconde partie de ce CD qui permet une nouvelle fois d’affirmer que les groupes de rock progressif débutent les morceaux là où les autres les terminent. Jelly Fiche nous offre un album somptueux qu’il faudra savoir dominer. Nos cousins venus du Grand Nord nous démontrent qu’il est encore possible d’écrire dans la langue de Molière et de véhiculer de l’émotion.