Les Suédois d’Andromeda sont rapidement devenus une des valeurs sures du métal progressif. Après deux albums indispensables, II=I et Chimera, Andromeda a opéré un virage avec The Immunity Zone en 2008. Cet album mettait en lumière cinq musiciens encore très inspirés et concernés par un engagement politique inédit. Le nouvel album, Manifest Tyranny, est un album attendu qui donnera de vraies réponses quant à l’avenir de ce groupe.
Si changement il y a eu avec The Immunity Zone, Manifest Tyranny enfonce le clou d’une manière radicale. Les orientations prises pour ce nouvel album sont difficiles à suivre. Cela commence bizarrement avec un titre très court mais intense, aux mélodies masquées par une puissance dérangeante. "Preemptive Strike" n’est qu’un signe avant-coureur d’un album qui mélange le bon et le moins bon, sans jamais atteindre la qualité de Chimera, et encore moins de II=I.
Il faut attendre le quatrième titre "Survival Of the Richest" pour retrouver un Andromeda qui propose des mélodies et du rythme. Car jusque là c’est péril en la demeure avec un "Lies R Us" qui a oublié d’être original et un "Stay Unaware" apathique. Le puissant mais brouillon "Play Dead" ne convainc pas pour les mêmes raisons et les expérimentaux "Chosen By God" et "Asylum" surprennent plus qu’ils ne séduisent. Andromeda n’a pas abandonné l’inspiration « politique » puisque "False Flag" est entrecoupé de deux discours dont un de Barack Obama dans lequel le mot « war » revient sans cesse.
Au milieu de ce Manifest Tyranny décousu et expérimental émergent quelques beaux moments. Le calme avec la superbe ballade "Go Back To Sleep", ou la puissance avec le très Dream Theaterien "Antidote" et son final au piano. Dans les autres morceaux, on peut prélever ici ou là de bons passages, souvent dans les interventions toujours brillantes de Reinholdz à la guitare ("False Flag" ou "Asylum") ou dans les riffs introductifs ("Play Dead"). Mais dans sa globalité, Manifest Tyranny ne confirme ni les progrès de Fremberg au chant ni les créations très brillantes qui faisaient le contenu des deux albums principaux du groupe.
Manifest Tyranny est un album qui fait suite à The Immunity Zone en poussant l’expérimentation très loin. Il suffit d’entendre la place importante des séquences électro pour s’en convaincre ("False Flag" et "Asylum"). Difficile de déceler un semblant de cohérence dans ce mélange musical hétérogène, à l’image de très nombreux morceaux aux qualités certaines mais manquants de structure. En résumé, un album décevant en regard de la discographie d’Andromeda et tout juste suffisant pour combler les appétits de métal progressif de cette fin d’année très riche musicalement.