Avec "Once Bitten", Great White semble avoir trouvé sa voix artistique ainsi que celle du succès commercial. Après 2 ans à défendre son rejeton, le temps de lui donner un successeur est arrivé, le quintet se devant de confirmer tous les espoirs nés avec les "Rock Me" et autres "All Over Now". Si Tony Montana remplace Lorne Black au poste de bassiste, le gang de Mark Kendall ne change cependant pas de recette et au contraire, creuse plus profondément le sillon bluesy qui fit tout le charme du précédent opus. Il faut dire qu’avec un chanteur tel que Jack Russell et le jeu dégoulinant de feeling de Mark Kendall, il aurait été dommage de ne pas laisser s’épanouir cet aspect désormais incontournable dans l’identité du combo US.
Si le Glam des débuts ne survit plus que par les coiffures encore peroxydées des membres du groupe, et par quelques traces encore présentes dans le refrain du punchy "Heart The Hunter", le reste de l’album impose définitivement le Hard-Rock rutilant et gorgé de feeling qui sera désormais la marque de fabrique du Grand Blanc. S’appuyant sur un rythmique parfaitement huilée, maniant aussi bien le groove ("Mista Bone") que la vitesse d’interprétation ("Hiway Nite"), et sur le talent de compositeur et de multi-instrumentiste de Michael Lardie, Russell et Kendall offrent une véritable démonstration de leurs talents respectifs. Le premier porte les titres les plus intimistes avec une émotion à fleur de peau ("The Angel Song"), mais sa voix fait merveille dans tous les paysages traversés au long des 9 titres de cet opus. Quant au second, il est la preuve vivante que technique et feeling peuvent faire bon ménage. A ce titre, "House Of Broken Love" est un véritable kaléidoscope des différents talents du bonhomme : solo introductif tout en retenue, riff simple et chaud, solo central enflammé, le tout avec une sensibilité transpirant de chaque accord et qui nous laisse sur les genoux.
C’est donc bien à un véritable voyage en sa compagnie que Great White nous convie tout au long de ce "… Twice Shy", du démarrage du bus en introduction de "Move It" au pub-hard-rock’n’roll de la reprise de Ian Hunter, "Once Bitten Twice Shy", véritable final à l’ambiance de fête entre potes avec son piano bastringue et son refrain à reprendre en chœurs, en passant par le contraste entre la rythmique digne d’un V8 et le riff délicatement ciselé de "Hiway Nite", l’entêtant et sexy "Mista Bone" avec son accélération finale et le direct et efficace "Baby’s On Fire" aux accents stoniens. Et si certains regretteront peut-être la présence d’une deuxième ballade à dominante acoustique avec le délicat "She Only", celui-ci représente tout de même un atterrissage tout en douceur placé entre le fabuleux "House Of Broken Love" et le festif "Once Bitten Twice Shy".
Coup double et coup de maitre donc pour Great White qui confirme la qualité du "Once Bitten", tout en réussissant à gravir un nouvel échelon, que cela soit dans l’affirmation de son identité ou dans la reconnaissance de son talent. Il ne lui reste plus qu’à trouver un illustrateur de talent pour que ses pochettes soient enfin au niveau du contenu de ses albums. A déguster sans modération !