Ce groupe américain originaire de Dayton porte un nom qui n'a rien à voir avec le film du même nom, puisqu'il s'affubla de cette drôle de dénomination deux années avant la sortie du film. Après tout, les groupes de métalcore choisissent des noms souvent étranges, alors pourquoi pas The Devil Wears Prada (TDWP)... Toujours est-il que Dead Throne est déjà le cinquième album de ce sextet qui officie depuis 2006. En effet, à l'exception de l'année 2010, TDWP sort un album tous les ans. Il s'agit donc d'occuper le terrain, histoire de ne pas être noyé dans la masse grouillante et profilérante des groupes métalcores, quitte à prendre le risque de diluer son propos et/ou de quelque peu tourner en rond. Mais avec ce nouvel opus, ce n'est pas encore le cas.
Autant l'écrire tout de suite, ce Dead Throne ne sera peut-être pas l'album métalcore le plus marquant de l'année, mais il se hissera assurément dans les meilleurs du genre. TDWP a dorénavant assez de bouteille pour largement surclasser tous les tâcherons qui pensent qu'il suffit d'hurler dans un micro et d'aligner des riffs éculés pour faire du bon métalcore. TWDP connaît assez bien la musique pour proposer avec Dead Throne un album maîtrisant parfaitement son sujet. D'abord il y a toujours cette alternance entre chant clair et mélodique, chant screamo-métalcoreux et chant grave hardcore, histoire de ne pas blaser et apporter de la richesse vocale aux compositions. Ensuite, le groupe utilise beaucoup les claviers de James Baney comme un discret édulcorant et comme ingrédient indispensable à l'aura mélodique de son métalcore. TDWP colore même certaines compositions d'une touche symphonique à peine perceptible ("Dead Throne", "Forever Decay"). Mais le clavier n'est pas là pour cacher la pauvreté des deux guitares du groupe qui, si elles ne sont pas aussi techniques que chez leur confrère de chez As I Lay Dying, n'en sont pas moins inspirées ("Mammoth", "Forever Decay", "Pretenders").
TDWP sait conjuguer à merveille qualité mélodique avec rage métalcoreuse au sein d'un même morceau sans jamais, comme chez d'autres, paraître niais ou tiré par les cheveux. Et puis surtout ce Dead Throne possède son lot de titres accrocheurs à l'instar du titre éponyme, de "Forever Decay", du très mélodique "Kansas" ou du terrible "Pretenders". A noter que sur le titre "Constance", Tim Lambesis (As I Lay Dying) vient pousser la chansonnette.
Avec Dead Throne, TDWP assène encore un très bon disque. Sans nullement avoir la prétention d'avoir écouter tout ce qui s'est fait de métalcore cette année (je ne suis pas une machine), ce disque constitue, à mon sens, un des albums métalcores majeurs pour 2011. Il surclasse largement, à mes ouïes, les dernières productions de groupes comme The Black Dahlia Murder ou Suicide Silence. TDWP n'est peut-être pas le plus populaire des groupes métalcores, mais avec un disque d'une telle trempe, il est incontestable qu'il est un des groupes les plus doués et les plus intéressants de cette scène.