En 1982, "New Gold Dream" fut le grand tournant pour Simple Minds. Affirmation d’une très belle maturité de composition, et dans la foulée, coup d’envoi d’une durable réussite commerciale. En entrant de plein pied dans cet élan de New-Wave enflammée, la formation s’assurera en effet les bénéfices et la réputation d’une machine à produire une Pop-Rock haut de gamme, tout à la fois accessible, innovante, mélodiquement riche, un brio créatif qui sera confirmé notamment par "Once Upon A Time" et "Street Fighting Years" sur la décennie 80.
Indéniablement, mais pas définitivement: car "Sparkle In The Rain" marque un certain retour aux premiers amours de la formation, avec un regain d’intérêt pour l’approche atonique. Même si l'héritage de "New Gold Dream" est indiscutable, le nouvel opus de Simple Minds étant armé d’une sonorité foisonnante et aiguisée, de A à Z. La section rythmique, de son côté, se fait tirer les oreilles pour varier son propos, mais préfère manifestement la course aux balancements des mid-tempo. Quoi qu'il en soit, 'Up On The Catwalk' annonce la couleur dès l’ouverture : Simple Minds n’en a pas tout à fait terminé avec son goût pour le Rock marginal. Jim Kerr interpelle son auditoire plus qu’il ne chante, alors que la rythmique se veut (imperceptiblement) syncopée. Et on remarquera les cordes frappées accompagnant le refrain, qui se plaisent à distiller l’étrange harmonie de leur dissonance.
Le programme embraye ensuite sur 'Book Of Brilliant Things', qui mérite assez bien son appellation : cette fois, la tonalité devient nettement plus épique (en particulier, au travers de la partition vocale), même si la croisée des méthodes est encore de rigueur. Lorsqu’une franche tirade narrative est avancée, le petit contrepoint ou la légère résonance atonique s’y opposant ne sont jamais bien loin !
En tout cas jusque-là, la productivité émotionnelle n’est pas en reste. Mais la suite est plus irrégulière. 'Speed Your Love To Me', à sa manière, fait un excellent single; cependant, il se montrera aussi énergique et entreprenant pour les uns, que criard et fatigant pour les autres. 'Waterfront' est semblable à un cœur palpitant, la ligne de la basse et de la batterie s’avère éminemment tranchante et exaltée, en même temps que claviers et guitare se mettent en devoir de porter très haut le pavillon new-wave du nouveau Simple Minds; seulement, la formule en oublie le dénouement, le morceau tout entier paraissant en rester à l’état d’entrée en matière. Assez déroutant !
La portion médiane de l’album (incluant une reprise de Lou Reed, 'Street Hassle') peut être rapprochée de la clôture -instrumentale- de 'Shake Off The Ghosts', dans le sens d’une musique rock à tendance épico-cérémonieuse, mais en quête d’identité harmonique. Cette mouvance-là donne plus l’impression d’une inspiration recherchant ses bases, plutôt que d’un habile mariage d’écriture mélodique et de méthodes ésotériques; quant aux élans tonitruants de 'White Hot Day', 'C Moon…' ou 'The Kick Inside Of Me', il est permis d’y réagir avec perplexité. Ici, la construction assez traditionnelle dénote une certaine tentative de standardisation FM, mais l’accroche qui devrait en résulter demeure incertaine.
Bref, "Sparkle In The Rain" prend le risque de tourner le dos à la fois aux adeptes d’"Empires And Dance" et à ceux de "New Gold Dream". Mais pour le fan inconditionnel, évidemment, Un peu, Beaucoup, Passionnément, l’adage fait toujours loi.