Troisième blasphème – et le second sous la bannière Moribund - de Infernal Legion, The Spear Of Longinus a tout du petit album (ce n’est pas péjoratif) au propre – il ne dépasse guère la demi-heure – comme au figuré. De ses boyaux coule en effet le charme de l’artisanat modeste mais passionné qui ne saurait se développer à l’extérieur d’un underground dont il ne cherche par ailleurs nullement à s’extraire.
Pochette à la Chris Moyen - la référence en matière de visuel cradingue - et satanisme bas du plafond comme combustible habillent une vitrine moins patibulaire qu’elle n’en à l’air. Alors certes, les Américains abattent le petit bois en dignes émules d’Incantation avec lequel ils partagent un même sens de la brutalité morbide et des atmosphères ad hoc, aimant foncer pied au plancher, témoin "Wallowing In Your Faith", porte d’entrée qui donne d’emblée le "La" d’un album taillé dans les viscères du pur Death-Metal qui montre les crocs. Mais déjà, il y a ce break lourd et implacable qui a la bonne idée de casser une trame qui sinon aurait été par trop linéaire.
De fait, Infernal Legion n’est jamais aussi terrifiant que lorsqu’il se lance dans l’érection d’un tempo ultra Heavy, rampant, malsain, moulinant des accords bien Evil au-dessus d’un gouffre profond ("Disregard For The Afterlife", "Vinland Valor"). The Spear Of Longinus aurait respecté ce schéma tout du long qu’il aurait pu être considéré comme un parcours (presque) sans faute. Las, le groupe, qui n’avait pourtant pas besoin de s’embarrasser d’un quelconque souci mélodique, trouve le moyen de se fourvoyer parfois dans une veine plus accessible où pointe une (mauvaise) influence suédoise, comprendre celle de Göteborg, référence lointaine mais à laquelle on est bien obligé de penser à l’écoute d’un titre tel que "The Immaculate Deception" par exemple.
Dommage car, pour le reste, on tient là un infâme – et donc très réussi – crachat sentant bon la chair de zombis carbonisés et dégorgeant cette aura blasphématoire aux relents fétides de lèpre insidieuse. Petit violeur de l’ombre, Infernal Legion s’impose avec ce nouveau méfait, le plus solide d’une carrière vieille déjà de plus d’une dizaine d’années, comme un serviteur diabolique zélé à surveiller de près d’un Death Metal noir qui ne confond jamais violence malsaine et brutalité vide de sens.