ARTISTE:

MORAINE

(ETATS UNIS)
TITRE:

METAMORPHIC ROCK

(2011)
LABEL:

MOONJUNE

GENRE:

JAZZ

TAGS:
Acoustique, Dissonant, Expérimental, Instrumental, Jazzy, Live, Psychédélique
""
REALMEAN (08.12.2011)  
3/5
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Un seul album studio à son actif (même si le guitariste et leader Dennis Rea officie également en solo), mais peu importe, voilà l’étrange quintette américain qui s’attaque déjà au prestigieux festival de NEARfest; et dans la foulée, un enregistrement live ! "Metamorphic Rock" embarque 7 titres du projet d’ouverture "Manifest Density", sur les 11 plages du programme.

Une base d’improvisation éventuellement à la source de cette musique foisonnante, multi instrumentale, sans cesse remise en cause par ses propres virages narratifs ? Pas tant que ça. Car la projection scénique de "Manifest Density" s’inscrit dans la continuité de l’original, alternant ses apparentes velléités d’expérimentation et sa méticuleuse soif de création harmonique. C’est au moment où la voie semble tracée que Moraine nous impose son démenti, par un brusque contrepoint thématique ou narratif.
Mais une soif de création, par définition immodérée, n’est-elle pas en contradiction avec une approche méticuleuse ? Pas avec le writing de ces américains. 'Irreducible Complexity' en fait la démonstration dès sa seconde moitié, avec un thème orientalisant brouillé par une improbable sonorité de cuivre acoustico-électrisé (oui, c’est étrange !), mais dont la mélodie a pourtant fait l’objet d’une construction soigneusement millimétrée. C’est comme si le directeur de la photo s’était donné la peine d’une composition cinématographique des plus recherchées, tout en bruitant sensiblement son image !
'Manifest Density', le titre éponyme du projet originel, imprime de nouveau sa forte personnalité jazz-rock : un leitmotiv entêtant décliné selon le jeu de divers instruments, entre lesquels le saxophone baryton assène toute sa gamme oratoire, dans une exaltation tout à la fois chaotique et brillamment structurée. Difficile de se représenter cela, sans l’avoir écouté ! Si le baryton est souvent à l’honneur, Moraine n’en oublie pas pour autant d’équilibrer son propos instrumental, en recherchant et en ajustant au mieux l’expressivité appropriée pour chacune des composantes. Avec la 3ème plage, 'Save The Yuppie… ', ce sont les cordes qui occupent le devant de la scène, tout en s’opposant à elles-mêmes : un savant tissage d’élans cérémonieux et de phrasés psychédéliques.
Exercice scénique oblige, les américains nous concoctent un medley en trois mouvements, doté de deux titres de l’album studio ('Disillusioned Avatar' et 'Ephebus Amoebus'); il s’agit en fait du premier des trois morceaux de bravoure embarqués par "Metamorphic Rock", car la galette n’en compte pas moins au rang des créations foncièrement progressives. Création progressive au sens premier de l’adjectif, on ne peut guère dire cela autrement pour étayer la description de ce fameux medley : du premier jusqu’au dernier mouvement, les transitions tonales et rythmiques s’avèrent totalement diluées. Moraine nous emmène d’une seule traite de la rêverie de son violon insouciamment vagabond aux délires dissonants de toute sa panoplie sonore ! Et pour ceux dont les oreilles auraient été passablement écorchées, une seconde (et longue) pièce à tiroirs prend aussitôt le relai, cette fois beaucoup plus mélodieuse : sereinement orientale, enjouée, mais aussi très épique à sa façon. Le quintette se déciderait-il à éclairer de la sorte la suite des festivités ? Ne jurez de rien, car les Crimsoniens 'Kuru', puis 'The Okanogan Lobe', vont très vite se charger de vous signifier que les surprises de la galette sont loin d’être épuisées !

"Metamorphic Rock" aurait sans doute gagné à raccourcir son propos sur la seconde moitié du programme. Quelques longueurs finissent par peser sur l’effort d’attention de l’auditeur, d’autant que la sonorité générale manque parfois de relief. Un peu lassante, cette sensation d’une enveloppe sonore compactée ou écrêtée, compte tenu de l’aération procurée en principe par ce type d’instrumentation généreusement acoustique. Regrettable également, pour un enregistrement de concert, la retranscription minimaliste de la présence du public, cantonnée à quelques lointaines nappes d’applaudissements à la fin des morceaux.
Et pourtant, en dépit de ses lacunes, face au trésor d’écriture atypique et d’interprétation de "Metamorphic Rock", un mot vient spontanément à l’esprit : étonnant !


Plus d'information sur http://www.moraineband.com/about.cfm





LISTE DES PISTES:
01. Irreducible Complexity - 03:39
02. Manifest Density - 03:45
03. Save The Yuppie Breeding Grounds - 04:02
04. Disillusioned Avatar / Dub Interlude / Ephebus Amoebus - 10:25
05. Disoriental Suite: A) Bagua B) Kan Hai De Re Zi C) Views From Chicheng Precipice - 11:46
06. Kuru - 04:31
07. The Okanogan Lobe - 07:36
08. Uncle Tang's Cabinet Of Dr. Caligari - 03:44
09. Blues For A Bruised Planet - 04:35
10. Waylaid - 05:31
11. Middlebräu - 09:09

FORMATION:
Alicia DeJoie: Violon
Dennis Rea: Guitares
JAMES DEJOIE : Saxophone baryton, Flûte, Percussion
Kevin Millard : Basse
Stephen Cavit: Batterie / Percussion
   
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