Il y a des albums que l'on a tout de suite envie d'aimer, même s'ils n'ont rien de révolutionnaires (ce n'est pas forcément ce qu'on leur demande de toute façon). Can't Stop What's Comin', première échappée de Nitroville, formation née il y a seulement un peu plus d'un an, en fait donc partie. Pourquoi ? Parce qu'un groupe anglais ne peut pas être tout à fait mauvais, à fortiori lorsque celui-ci décide de vidanger un Hard Rock'n'roll directement branché à la dynamo du Blues, origine géographique qui du reste ne saute pas vraiment aux oreilles à l'écoute de cette dizaine de petites bougies huileuses que l'on aurait davantage imaginé entendre au fond d'un rade crasseux bordant la route 66. Parce qu'une paire de seins s'anime à chaque parole prononcée, celle de l'imposante Tola Lamont, sorte de Lita Ford, gonflée au Southern Rock, la guitare en moins. Parce que…
Sans oser comparer l'incomparable, comme certains gratte-papiers n'ont pas hésiter à le faire, le mettant sur un même niveau que Black Country Communion (on a beau chercher le rapport, nous ne l'avons toujours pas trouvé, si ce n'est sans doute des racines bluesy identiques), reconnaissons que Nitroville présente une carrosserie séduisante, taillée pour le goudron. Plus proche du rock texan sentant sous les bras et le whisky frelaté de contrebande que du classic-rock propret, Can't Stop What's Comin' est un album simple, accrocheur, garanti sans prise de tête ni prétention, ce qui est toujours une bonne chose.
La Gibson Les Paul de Kurt-Michael Boeck usine des riffs graisseux, miaule comme une Slide déglinguée ("Twist In The Chain", "Cuts To The Bone"...), tandis que celle avec laquelle il a monté le groupe, pose sa voix chargée de testostérone avec une puissance rugueuse, faisant d'elle l'héritière des Metal Queen des années 80 plutôt qu'une poupée de plus au milieu d'une scène féminine qui, par ailleurs, ne lui correspond pas vraiment avec son registre plus couillu que romantique.
Morceaux de Hard-Rock endiablé ("Tell It Like It Is", le remuant "Cheating The Hangman"...), cartouches plus heavy et pesantes ("Let It Roll") remplissent cet album d'une sève gorgée de feeling, idéal pour avaler les kilomètres ou des litres de bière. Bien entendu, ce qui n'est après tout qu'une première giclée ne saurait passé pour autre chose que ce qu'elle est, à savoir une solide coulée d'un stupre électrique au son dépouillé et certainement pas le chef-d'œuvre que d'excessifs hagiographes croient voir en lui. Ce qui n'enlève rien à son charme certain.
Le soutien-gorge bien rempli, l'album manque cependant de variété et de cette once de folie sinon de magie qui font la marque des grands, Nitroville n'osant jamais quitté le chemin qu'il s'est tracé, là où justement on aurait aimé qu'il emprunte des routes secondaires plus surprenantes, moins balisées, pour totalement emporter l'adhésion. Solide et chevronné à tout le moins.