Slivovitz, septet italien formé en 2001, est un groupe qui semble à ce jour ne souffrir d’aucune critique. Et il en va de même de ce troisième album studio "Bani Ahead", unanimement encensé par la presse spécialisée. Il faut dire que ce Big Band option Prog’Fusion Jazzy délivre une musique riche et d’une grande maturité. Souvent comparé à Frank Zappa pour sa folie créative mixant le Rock et le Jazz, la musique de Slivovitz évoque la polyrythmie du Prog-Rock, agrémentée de touches de Folklore balkanique et de soli jazzy. Mais elle pourrait parler également aux connaisseurs de musique classique européenne, aux amateurs de musique ethnique ou encore d’Art –Rock. Ingénieuse et passionnée, elle révèle une seule et mouvante entité musicale de laquelle émergent à tour de rôle du violon et de l’harmonica, très présents comme sur l'opener, mais aussi des cuivres, instruments à vents et autres guitares électriques.
Afin de rassurer de suite les non-initiés de ce Jazz-Rock cérébral, il faut signaler, et ce avec ferveur, que le plus grand tour de force de Slivovitz est de rendre sa musique très accessible, chantante et mémorable par l’apport de mélodies drôlement efficaces, souvent interprétées à l’unisson. 'Egiziaca', qui ouvre l’album en est en toute logique le meilleur exemple. Teinté de Rock, ce titre très lumineux et accessible possède d’énergiques soli d’Harmonica. Dans cette même veine,'02-09', même s’il débute tout en retenue, se précipite dans des mélodies saccadées et véloces contenant de tonitruantes interventions de cuivres. C’est aussi là l’occasion de pointer toute la force d’une rythmique très en place et organique.
Les compositions, souvent le fruit d’un musicien plus que d’un effort de groupe s’emboitent intelligemment. Pietro Santangelo, le saxophoniste, distribue un ‘Cleopatra Through’ (en écoute ici) taillé pour son instrument et dont l'ensemble, soutenu par une superbe ligne de basse évoque la rencontre improbable mais délicieuse entre Toots Thielemans, Stéphane Grappelli et John Mc Laughlin.
Le titre éponyme, toujours fruit du saxophoniste et véritable hommage au Prog des 70's met en avant ses influences balkaniques alors qu' 'Opus Focus', bien plus calme, affirme définitivement la place prépondérante de ce dernier dans le groupe. Le bassiste Angarano apporte toute la consistance d’un ’Fat’ à la gaité surannée (peut être l’un des meilleurs moments de l’album) par ses mélodies lyriques de cordes frottées et cuivres et les soli décalés de guitare/harmonica alors que les influences Rock de Giannini transpirent sur ’02-09’ ou le bluffant final ‘Pocho’, combinant polyrythmie et soli impressionnants.
Ici, chacun met la main à la pâte pour un résultat étonnamment très convaincant et à la joie contagieuse. Slivovitz porte haut les couleurs et l’héritage de ses pères explorateurs et défricheurs des 70’s et propose en 2011 une musique fort enthousiasmante, dans tous les sens du terme.