C’est à deux pas de la frontière franco-suisse que vit depuis le milieu des années 2000 la tribu Helmut composée de cinq Genevois, et dont "XI IX XI" constitue le deuxième effort consacré au dieu métal. S’éparpillant en se produisant dans bien des salles de la Confédération, Helmut reste tout de même regroupé derrière le même motif de liberté et de plaisir de jouer ensemble.
Comme si les bonhommes avaient mis un coup de botte dans la fourmilière stoner, quelques références du genre comme Down ou Crowbar en ressortent, se reflétant dans l’aspect rentre-dedans dominé par ce son suintant des guitares par grumeaux. Amplifié par la voix de Peter, jouant sur le contraste d’un timbre tantôt très éraillé, presque suffocant, tantôt clair et chaud, c’est a priori une démonstration de virilité, un truc de bikers nourris au bourbon, qui enduit les oreilles de sa matière adipeuse.
Seulement, derrière cet amas graisseux, sans fioriture et un peu pataud, alourdit encore par une ou deux pointes death, mais tout à fait affable pour les amateurs, se cache une plus subtile complexité, un relatif raffinement. Alors que les guitares espagnoles et les castagnettes sur le premier "A Decade Of Lost Freedom", prennent même d’emblée à contre-pied, le côté progressif voire sinueux cher à Mastodon ("Chickenbrain") ou le soupçon grungy du dernier Soundgarden (celui des 90’s) s’accoudent également au comptoir. A l’extrême, sur l’instrumentale "The Legend Of Glen Baden" c’est d’une sitar dont use Sam, le second guitariste, pour envelopper le morceau d’un petit psychédélisme aux saveurs orientales.
Au final, Helmut n’invente rien avec ce second opus, mais le soucis n’était pas là au final. « Passer du bon temps, c’est de cela dont il s’agit » avait d’ailleurs prévenu le groupe. Ma foi, c’est plutôt réussi, d’un côté comme de l’autre.