Mine de rien, ça fait quasiment vingt-cinq ans que Abomination existe. Abomination, c’est un monstre sacré à côté duquel les amateurs d’extrême passent trop souvent. Il faut dire qu’a leurs débuts, la scène était monopolisée par les Death et autres Morbid Angel. Ce best-of /réédition puant l’underground est donc l’occasion idéale de découvrir ou de redécouvrir un groupe qui aurait largement mérité de percer un peu plus.
Ce double bien garni comprend le premier album éponyme du groupe (1990), le semi-culte « Tragedy Strikes » (1991) et deux démos. Des œuvres qui ne rajeunissent pas franchement Abomination, mais qui restent tout de même des standards !
Nous ne nous éterniserons pas sur le premier album, qui même s'il pourrait séduire par son aspect crasseux et vintage, ne transpire pas autant l’amour du bruit que les autres productions de la compil’. Les deux gros défauts majeurs viennent des compos, pas vraiment convaincantes et qui ne décollent jamais, mais surtout de la production, bâclée avec une basse inexistante et une caisse claire trop mise en avant…
Etonnament, la démo datant de 1988, témoin des âges, sonne mieux et est bien plus fournie que l’album Abomination. Et là pour le coup, il n'y a quasiment rien à reprocher. Le son est bien grésillant, les compositions sont très riches, basées sur un concentré d’efficacité rarement entendu aujourd’hui et sur des parties vocales suicidaires et hystériques ! C’est un joyeux festival de la nuque brisée, malheureusement bien trop court.
Passons à l’invité d’honneur, un chef d’œuvre du black/death, très soigné et propre, pionnier du genre : Tragedy Strikes. Pour le coup, c’est comme si Abomination jouait au tir aux pigeons avec son auditoire. Quasiment rien n’est à jeter et l'on trouve ici plusieurs classiques du groupe dont les destructeurs Blood For Oil et They’re Dead ou encore le glaucquissime Kill Or Be Killed. Plus qu’un standard, c’est un indispensable du genre ! Une musique ultra blasphématoire (qu’est ce que vous voulez, le but à l’époque, c’était d’être plus provocant que Venom…) au service d’une violence joussive.
Pas besoin d’hésiter ! Si vous aimez le death metal et que vous ne connaissez pas ce combo américain, courez acheter ce best-of, au pire volez le ou braquez votre disquaire - mais surtout ne le téléchargez pas… Cette compilation n’apportera rien de nouveau à ceux qui sont amateurs d’Abomination, quant aux autres, vendez votre âme au Diable, il est encore temps.