Les influences, c’est compliqué ! On vous les reproche lorsqu’elles font plus qu’affleurer à la surface alors qu’elles peuvent parfois être à l’origine des meilleurs moments d’un album. Démonstration avec K2, troisième opus de Adimiron, naguère modeste horde officiant dans un Death-Black de seconde zone, aujourd’hui toujours aussi modeste mais braconnant sur des terres qui, bien que toujours sur-vitaminées, louchent davantage vers un Métal extrême progressif dont un des principaux artisans demeure Opeth, figure tutélaire à laquelle on est par moment bien obligé de penser à l’écoute de certains missiles perforant une écoute placée sous le signe de la puissance.
Il y a ces plans dont Mike Akerfeldt a fait l’une de ses marques de fabrique qui propulsent "Where Nothing Changes", ces lignes de chant clair proches de celles que le Suédois signe depuis Damnation, émaillant le tout d’abord feutré "Passanger", avant que celui ne s’emballe lors de sa seconde partie, ou bien encore ces nappes de Mellotron hantées typiques de l'ère Ghost Reveries, autant de références évidentes qui pourraient être embarrassantes et grever des compositions par ailleurs toujours d’une efficacité atomique mais qui au contraire multiplie leur valeur ajoutée.
Au final, on préfère les Italiens lorsqu’ils s’engouffrent dans la brèche ouverte par Opeth, témoin ce "Above The Rest", qui lui aussi paraît tout droit sorti de la tête du volubile Akerfeldt et au demeurant un des meilleurs extraits de l’album. Moins en revanche quand ils sculptent, bien qu’ils le fassent alors d’une manière plus personnelle, des aplats modernes avec un chant énervé quasi Hardcore (ce n’est pas pour rien que Dave Padden, actuel gueulard d’Annihilator, vient vomir ses boyaux le temps de "The Whisperer") comme burin.
Œuvre solide et tendue comme le foc d’un navire, dont on sort de l’écoute sur les rotules, K2 alterne de fait, déflagrations explosives et techniques avec des musiciens au taquet ("Oriens" et son intro arabisante qui fait toujours son petit effet, "Vertical Limit") et pulsations veloutées où les ambiances l’emportent sur l’agression pure et simple. C’est nerveux et bien interprété, faisant de cet album le travail le plus accompli de Adimiron, qui devra cependant affirmer une identité qui se cherche encore, quitte à ne jamais vraiment s'affranchir du modèle suédois...