Depuis la sortie de "Endgame" fin 2009, Megadeth n'a pas chômé. Mustaine et sa bande ont largement tourné pour promouvoir l'album, notamment avec Slayer. Puis, à la surprise de pas mal de monde, le groupe a vu le retour de Dave Ellefson à la basse en février 2010, le vieux complice de Mustaine avec lequel on le pensait pourtant définitivement fâché. Ensuite, le groupe s'est lancé dans une tournée anniversaire de "Rust In Peace", puis dans une tournée des grands du thrash américain avec Metallica, Anthrax et Slayer. C'est au milieu de tout cela que cette 13ème livraison studio a été écrite, entre septembre 2010 et juillet 2011. De fait, malgré des albums plutôt bons depuis le retour du groupe en 2004, le scepticisme est de mise quant à la teneur de cet album tant celui-ci semble avoir été écrit très rapidement pour flirter sur la vague du retour d'Ellefson et de l'effet "Big 4". La crainte, voire même l'angoisse, s'est accentuée quand il a été révélé que le disque contiendrait trois anciens titres, deux restés à l'état de démos et un ayant servi de bonus japonais sur un ancien album.
Comme on pouvait le redouter, l'objet final est clairement bancal et surtout bâclé. L'impression que "Th1rt3en" devait être rapidement prêt est très présente avec seulement trois ou quatre titres corrects qui se trouvent comme par hasard tous calés dans la première moitié de l'album.
Ainsi, nous garderons en premier lieu un "Sudden Death", déjà connu des fans depuis un an car composé pour le jeu "Guitar Hero", et qui est un bon titre de heavy-thrash comme les affectionne Megadeth. Puis, il y a "Public Enemy N°1", de loin le meilleur titre du disque avec des guitares renvoyant à Iron Maiden et un rythme qui rappelle avec bonheur "Rust In Peace". Nous sauverons également "Never Dead" au riff et refrain efficace et qui présente des soli d'excellente facture, rapides et mélodiques, ainsi que "Millennium Of The Blind" datant de l'époque "Youthanasia" qui nous replonge avec bonheur dans cette époque avec une belle et lente montée en puissance dans un esprit heavy-thrash à l'ancienne.
A côté de ces titres, c'est le néant ! Mustaine balance un heavy-thrash archi-classique qui trompera peut-être les novices mais qui ne fera pas illusion bien longtemps. Les titres aux allures de face B s'enchainent et l'ennui gagne. Ainsi de "Wrecker" à "Guns, Drugs & Money" en passant par "Black Swan", il n'y pas à pas grand-chose à garder de ce heavy générique, légèrement thrash, que seul le chant rauque de Mustaine empêche de confondre avec n'importe quelle sous-formation du genre.
Avec cet album, bien loin de ses grands disques des années 80 et 90 voire même des albums récents, Megadeth déçoit fortement. Il est fort probable que sur scène Mustaine et sa bande resteront au top, mais ils auraient pu - et surtout du - éviter de sortir ce disque bâclé et sans d'âme. Il reste à espérer que le groupe saura rebondir, ou sinon qu'il saura, à l'image du titre d'un album récent, mettre fin à ce genre de petit jeu pour ne pas plus entacher sa légende.