Est-il vraiment nécessaire de présenter Venom, le groupe qui a défini une culture et le précurseur du culte de Satan dans la musique? Venom est l'inventeur du métal extrême, qu'il soit thrash, death, black ou autre, en particulier avec son deuxième album, le mythique "Black Metal". Leur premier essai, le non moins culte "Welcome To Hell", avait propulsé ce petit groupe britannique au-devant d’une scène N.W.O.B.H.M en pleine effervescence.
Il serait possible de passer des heures à débattre sur l’image, aujourd’hui ridicule, que donne le groupe, mais Venom, c’est aussi, et surtout de la musique. La formation la plus violente de l’époque étant Motörhead, l’influence rock'n'roll de Lemmy et ses compères est ici évidente. Des gros riffs saccadés, assez peu subtils, soutenus par une basse omniprésente et une batterie plus-efficace-tu-meurs. Autant dire que l’on pourra difficilement s’extasier sur la qualité, artistiquement parlant. Mais Venom, ça s’écoute surtout pour la violence, l’agressivité lyrique, portée par Cronos, unique membre permanent de la formation, et sa voix rocailleuse inimitable.
"Black Metal" représente surtout la plus grosse collection de tubes du groupes, à commencer par l’excellent morceau-titre et l’hymne "Countess Bathory" (maintenant, vous saurez d’où vient le nom de feu la formation de Quorthon…). Des morceaux basés sur 4 ou 5 accords que l’on se prend en plein dans les dents. On trouve également des morceaux plus sombres, plus ambiancés, comme "Buried Alive", bien qu’ils soient à des années lumières des atmosphères de ce que l’on appelle aujourd’hui le Black-Metal. Mais ce sont les poussées de violence, comme "Raise The Dead" ou "Don’t Burn The Witch", qui restent les moments les plus délectables. "Teacher’s Pet", autre standard à côté duquel il est dur de passer, reste un moment franchement amusant pour son pont central où l’on entend les membres du groupe brailler, siffler et chanter à tue-tête en studio. Preuve que l’on peut pratiquer le culte de la mort et être de sacrés déconneurs.
Avec "Black Metal", Venom s’offre le luxe de devenir la nouvelle figure internationale du Heavy-Metal, l’imagerie satanique et volontairement ultra-provocante faisant sans doute frémir nombre de jeunes en quête de nouvelles sensations fortes. Image qui s’est vite révélée n’être qu’une grosse blague et une marque de fabrique commercialement fort efficace ! Le métal doit beaucoup à Venom (un groupe de gamins du nom de Metallica ne fit-il pas leur première partie en 1982 ?), même si musicalement, c’est du niveau jeunots bruyants dans le garage du voisin.