Nous sommes au début des années 90 et Nash Kato et Eddie Roeser, membres phares du groupe Urge Overkill commencent à s’imposer dans le monde du Rock. Leurs albums "The Supersonic Storybook" et "Saturation" se vendent plutôt bien, et leur attitude provocatrice fait mouche. En 1994, la figuration de leur reprise de Neil Young 'Girl You’ll Be A Woman Soon' dans le film Pulp Fiction de Tarentino possède tout pour faire exploser la carrière du groupe, malheureusement, c’est l’implosion qui aura raison de Urge Overkill ! Histoire de sous, de drogue et de pas d’bol, le groupe sombre et durant 16 années, disparaît du monde musical.
Le sous marin refait surface sans crier gare et une fois la surprise passée, nous découvrons derrière des compos solides et un groupe investi. Pas d’effets de manche, d’Happening ou d’étalage, pas d’impression de racolage ou d’histoire de gros sous : Rien que du Rock, et du bon. Alors, retour en grâce ?
Oui et triple oui. Urge Overkill est de retour et bien plus en forme qu’il ne nous avait quitté !
La musique de Urge Overkill possède quelque chose d'universel, de fédérateur, d'intemporel aussi. Ainsi, l'habile mélange d'éléments Punk, californien ou Folk dans leur Rock restitue une musique fondamentalement organique et mémorisable, sur un format de titres assez courts.
Le côté Folk pointe surtout sur des titres comme 'Poison Flower' avec son groove tranquille, rehaussée de notes piquées et de tambourin ; un 'Thought Balloon' riche en harmonies ou 'Quiet Person', l'un des meilleurs moments de l'album, d'une douceur rare, aux chœurs fragiles et au texte touchant.
A l'opposée, des titres plus crus, plus froids également révèlent des influences Punk pour un résultat approchant les New York Dolls.'Little Vice', une autre grosse réussite, titre au gros riff et à la voix presque murmurée possède un rendu très brut et sentant la nicotine froide. 'Effigy' ou 'Niteliner' possèdent également ce côté épuré, rude et répétitif du mouvement Punk. Savamment répartis dans l'album, ils viennent relancer la machine afin de maintenir une dynamique d'écoute.
Quand le Punk et le Folk se mélangent, révélant aussi des côtés Rock californien voire Pop/Rock indépendant, le résultat est parfois mitigé comme sur 'End Of Story" ou 'She's My Ride'. Mais quand ça fonctionne, c'est tout bon. Ecoutez donc l'opener 'Mason Dixon' au groove un peu daté et au chant et chœurs riches, ou le titre éponyme très mélodique, à la guitare résonante et aux claquements de mains caractéristiques, ou l'entrainant 'The Valiant', qui possède la simplicité et la sincérité des titres porches de ceux d'un Creedence ou d'un Beatles période "Rubber Soul".
Cet album possède un vrai charme, dû également à une production à l'ancienne au son très organique et parfois un peu sourd. Côté chant, la palette est large puisque chaque musicien tient à son tour le rôle de chanteur principal. Ainsi chaque univers possède sa voix appropriée : Douce et fragile sur certains titres légers, rude et abimées sur les titres Punk et bien entendue, suave et rauque façon 'Girl You'll Be A Woman Soon' de Pulp Fiction sur 3 ou 4 titres.
Un vrai bon album de vrai bon vieux Rock, le tout dans un emballage original et convaincant, il plaira facilement aux fans de Rock alternatif. Un retour très réussis.