Difficile de se faire une place dans le monde fermé des labels européens spécialisés dans le rock mélodique. Coincé entre les Italiens de Frontiers et ses compatriotes de AOR/ Metal Heaven, Avenue Of Allies commence à se faire une place au soleil en jouant une double carte: celle de la réédition de pépites injustement passées inaperçues (If Only, Sedona), et la signature d'artistes encore inconnus mais au potentiel indéniable (Fire, Angeline), le tout en ratissant large sur des territoires allant du Hard Mélodique à la Westcoast. Signature récente du label allemand, les Suédois de Coastland Ride ont la particularité d'avoir sorti leur premier album chez les concurrents d'Aor Heaven en 2003, opus éponyme réédité et distribué chez Avenue Of Allies en parallèle de la sortie d'une nouvelle production intitulée "On Top Of The World".
S'il n'avait pas marqué le monde de l'Aor/Westcoast d'une empreinte indélébile, "Coastland Ride" avait cependant charmé le conduit auditif de quelques amateurs du genre, ces derniers lui reprochant majoritairement sa durée trop courte tournant autour des 35 minutes. Défaut corrigé avec cette nouvelle édition étoffée de 3 titres bonus. Reste à savoir si les aficionados trouveront leur compte dans ces morceaux tirés des séances d'enregistrement originales. Entre les claviers ringards de "Jennys Heart", et un "The World Is Not Enough" sans relief particulier, seul "Pitch Black Ride" représente un peu d'intérêt avec sa tentative de muscler légèrement le propos du trio scandinave. Pas de quoi effrayer un gros tatoué pour autant. Et si ces petits extras satisferont probablement ceux qui avaient accroché à la version originale de l'album, il y a peu de chance pour qu'ils réussissent à convaincre de nouveaux amateurs.
Car, s'il n'est pas possible de douter de la motivation et de l'honnêteté de Coastland Ride, ce dernier n'en reste pas moins un groupe à l'intérêt plus que relatif. Sa Westcoast, légèrement teintée d'Aor à de (trop) rares occasions, n'apporte strictement rien au genre, manque cruellement de relief, et plonge même parfois dans le ridicule, la faute à des claviers aux sonorités d'un autre temps. Essayez de ne pas penser à Wham sur "Believe In Me", ou à Glenn Medeiros sur la Pop légère et lénifiante d'un "Never The Same" doté d'un Bontempi première génération. Quant à "Second Hand America", alors que ses paroles se veulent un peu plus fouillées, elles laissent complètement indifférent en raison d'une bande son digne d'un jeu sur console pour enfant de 3 – 6 ans. Ajoutez à cela la voix d'un Markus Nordenberg en difficulté dans les aigus et s'empressant de basculer sur une voix de tête et vous imaginerez sans peine les limites du combo suédois.
Dommage car certains titres laissent entrevoir un réel potentiel. L'Aor dynamique et accrocheur de "Hearts To The Flame" ou "Eyes", ou les bonnes mélodies de "Let Me Let You Go" et "On The Path Of Greed", donnent à espérer pour la suite des aventures du trio. Croisons les doigts pour que les Suédois aient gommé les gros défauts de ce premier album à l'occasion de leur nouvelle offrande discographique, sous peine de rester dans les divisions inférieures d'un style musical qui ne pardonne que peu d'erreurs. Dans tous les cas, ce n'est pas encore avec cet opus que Avenue Of Allies va vendre des palettes.