Il est clair que les quatre de Bakersfield n’ont pas chômé depuis l’excellent "Remember Who You Are", sorti il y’a un an et une poignée de mois (les avis sont partagés à la rédaction de Music Waves). Une tournée qui fut un franc succès, et surtout, l’arrivée d’une véritable pieuvre dans les rangs de Korn, le démentiel Ray Luzier. Le repos fut donc de très courte durée, et ils enregistrèrent dans la foulée "Path Of Totality". Parlons-en de ce dixième album ! Les rumeurs circulaient depuis un moment. Les puristes espéraient et garantissaient un retour aux sources, et beaucoup soutenaient que c’était un album techno/dub step qui était en gestation.
Bingo ! Après plus de 15 ans à servir un métal lourd, plombé et riches en émotions, le tout appuyé par la voix inimitable de Jonathan Davis, il est fort probable que Korn ait décidé de se rendre hyper-accessible (donc hyper-commercial) au risque de déchainer la chronique rock/métal, cette dernière n’étant pas spécialement du côté d’un album qui se veut être la révolution du Nu-Metal, pour finalement se ranger du côté de ces albums tellement mauvais qu’ils sont aujourd’hui cultes.
Korn n’est plus un groupe de métal. Il n'y a pas grand chose à dire de plus. La guitare et la basse, autrefois communiant au nom de titres géniaux, sont étouffées et quasi-inaudibles, le mixage et la production mettant plus en avant des poussées de claviers vomissant des samples rap/drum'n'bass. Et puis surtout, si le groove de Luzier nous avait fait tomber à la renverse il y’a un an, il est ici ultra-compressé, pas naturel du tout, et sent à fond le drum beat réchauffé.
Il suffit de jeter un coup d’œil à cette liste interminable de featurings dans la tracklist pour comprendre que Korn ne contrôle plus son navire, et s’est malheureusement laissé entrainer sur la route de la composition pour la masse. Aucun titre n’est joué, enregistré et composé uniquement par les membres du groupe. Il y’a toujours un DJ et/ou un producteur de dub-step américain qui est de la partie.
Le pire, c’est qu’aucun titre n’est bon, même le pseudo tube "Get Up ". Quand on parle du tube pour Korn, il faut entendre une basse sauvage et une guitare lourde et sursaturée, souvent aidées par un Jonathan qui nous aurait fait pleurer, hurler de rage, ou même rire. Sa voix est ici bourrée d’effets wah-wah et elle nourrit très peu de sensations. Les Californiens donnent juste l’impression de n’en faire qu’à leur tête. Au final, s'il y a bien une chose pour laquelle on pourrait apprécier ce disque, c’est bel et bien la prise de risque gigantesque qu'il représente.
Que le groupe se lasse de la routine compositrice dans laquelle il s'est empêtré, c’est tout à fait compréhensible. Qu’ils veuillent de l’original, d'accord ! Mais pas au point de nous refiler un album enregistré à la va-vite, sans le moindre titre qu’on aurait plaisir à écouter. Il est surtout certain que Korn n’est pas encore assez mature pour tenter de telles expériences. A titre de comparaison, Morbid Angel a sorti son premier album d’anticonformistes après 25 ans de carrière cette année… Bref, passez votre chemin !