L’Anjou, son vin, ses troglodytes, Zamel… Quoique existant depuis 2006, les angevins de Zalem nous délivrent le fruit de leur travaux post-rock progressif. Un double album qui se vit comme un voyage introspectif, une approche cinématographique de la musique qui s’apparente à ceux de leurs homologues du genre post-rock, à la différence notable qu’en termes d’images, Zamel s’est fait connaître au travers de prestations scéniques accompagnées de montages vidéos.
L’aspect "live" est primordial afin de mieux retranscrire les ambiances déclinées dans "Stigma" que ce soient celles planantes du premier volet ou celles plus sombres du second. C’est ainsi que le vol "Stigma" débute sur une intro minimaliste voire bruitiste qui sera un des thèmes conducteurs de l’album. Un album de titres construits sur la même structure d’un thème crescendo post-rock atmosphérique lent et pesant passant rarement sous la barre des dix minutes. Une démarche dont le risque principal consiste à perdre un bon nombre d’auditeurs à l’ère de l’ultra-consommation à laquelle n’échappe pas l’industrie du disque. A l’époque où la musique devient un produit de consommation aussi vite digéré qu’il a été ingurgité, la démarche de Zalem peut être perçue comme un mouvement de rébellion contre le système tant au niveau de la démarche que du concept à proprement parlé.
L’immersion proposée par "Stigma" évoque un voyage dans le temps dans une époque médiévale où se mêlent nostalgie et souffrance liée aux difficultés inhérentes de l’époque : sentiments antinomiques parfaitement retranscrits tout du long du double album et confirmé par les quelques discours (qui peuvent prêter à sourire pour l’auditeur distrait) de Denis Péan (Lo’Jo) notamment sur "?" qui ouvre le deuxième volet.
Clairement, "Stigma" - à l’instar de ses homologues post-rock - ne pourra pas laisser insensible l’auditeur qui, soit s’ennuiera au contact d’une musique répétitive, soit tombera sous le charme d’une musique introspective qui le fera passer par toutes les émotions. Quoi qu’il en soit, les avis convergeront pour louer le travail d’orfèvre qu’a nécessité ce double album tant au plan des compositions musicales qui nous intéressent plus particulièrement, qu'au niveau de l’aspect conceptuel dont fait partie le somptueux package et son book de douze pages…
"Stigma" mérite ainsi une attention toute particulière et que l’on se pose confortablement - pas trop tout de même histoire de ne pas sombrer dans un autre conte mais celui proposé par le marchand de sable - pour se laisser aller dans un voyage de près d’une heure trente… Si le bond dans le passé peut s’avérer agréable, il ne dévoile ses trésors que parcimonieusement et il faut s’y prendre à plusieurs reprises pour espérer en assimiler la majeure partie : pour ce, Music Waves vous propose un séjour en Anjou chez un troglodyte, un vin d’Anjou en bouche…