Il faut bien sauter le pas un jour : c’est ce qu’ont dû se dire les membres de Mindslaved, après avoir sorti deux EP particulièrement bien accueillis par la critique. C’est ainsi que six années après sa création, le groupe tourangeau passe enfin le cap de l’album. Et afin de mettre toutes les chances de son côté, le combo s’est entouré de la crème des producteurs hexagonaux en la personne de Franck Hueso (Hacride, Mistaken Element, Klone…). Bref, si défaut il y a, ce ne sera pas du côté de la production toujours aussi massive, léchée, précise… qu’il faudra chercher.
Pour le reste, "The Self Paragon" continue de creuser le sillon d’un metal moderne mêlant avec talent thrash moderne, passages post-core et toujours ce zeste d’exotisme avec l’incorporation de passages acoustiques hispanisants, touche personnelle distinctive de Mindslaved... Patte qui atteint son paroxysme sur l’envoûtant "Sphere" qui débute sur une longue intro intimiste aux relents flamenco pour embrayer sur une montée crescendo rageuse.
Malgré tout (puisqu’il y a un bémol), les parties vocales auraient méritées plus de diversité que l’omniprésent chant hurlé. A titre d’exemple, un titre comme "Substantial Fiction" et son riff assassin faisant suite à une intro atmosphérique entêtante, aurait eu plus d’impact si le chant avait été aussi tranché que les ambiances musicales. Dommage quand on sait que les tourangeaux en sont parfaitement capables comme en atteste les parties claires parfaitement exécutées du titre éponyme.
En bref, ce premier album déçoit un peu après avoir laissé entrevoir le meilleur sur "T(h)ree". Si nous paraissons si intransigeants, c'est que nous sommes convaincus du potentiel de Mindslaved à qui il manque encore ce je ne sais quoi pour définitivement prétendre à une petite part du gâteau international que se partagent ses glorieux aînés nationaux…