Après un "Mémoires De Singes" assez déroutant et un peu décevant, Lofofora nous revient dans un style un peu plus coutumier ayant pour caractéristique principale toujours cette hargne et cette urgence qui prend à la gorge.
Il faut dire que les riffs très hachés de Daniel Descieux et le phrasé agressif de Reuno nous entraînent très rapidement dans une fusion Heavy / HardCore dans laquelle le groupe se montre très habile.
Difficile de faire ressortir un titre en particulier de cet album, si compact et homogène qu’il flirte parfois un peu avec le linéaire. A ce titre, les changements de rythme et les ambiances décalées de "Elixir", l’intro très rapide et aux accents Punk de La "Merde En Tube", ou bien celle bien plus calme de "Le Visiteur" sont de véritables sources de régénération qui permettent à l’album de mieux redécoller par la suite. En effet, et malgré un très bon son et une passion palpable, la musique de Lofofora peine un peu à se renouveler. La faute à des riffs qui peinent à s’éloigner d’un style répété à l’envi, à une batterie un peu trop sage et à un phrasé souvent trop monocorde.
Ne nous méprenons pas, le chant de Reuno est efficace et remuant, mais il ne parvient que très rarement à s’affranchir d’un style dans lequel il a déjà fait ses preuves. De plus la diction ne permet pas toujours de saisir avec précisions le sens des textes. Et c’est dommage, car lorsque le groupe s’autorise quelques petites digressions, comme avec le pesant "Frustrasong" ou le final de "La beauté et la bête", l'intérêt est tout de suite aiguillonné et l’on ne peut que reconnaître le savoir faire de ces acteurs incontournables de la scène HardCore française.
S'il y a donc un net mieux par rapport à l’album précédent, ce "Monstre Ordinaire" ne parvient cependant pas à propulser le groupe dans une autre dimension. Il y manque juste la pointe de folie et d’originalité propre qui en aurait fait un incontournable. Comment ça ? C’est exactement ce que le groupe avait tenté avec son précédent album et nous avions été déçu ? Courage...