Floating Tangibility est le deuxième album de Primitive Instinct, et sa publication sur le label Cyclops, référence de l'époque pour le courant néo-progressif, montre bien tout le chemin parcouru par le groupe mené par Nick Sheridan depuis leur précédente production.
Dès les premières notes de Heaven, le ton est donné : la production bien léchée met magistralement en valeur le sens mélodique inné des Anglais et la subtile alliance entre la guitare toute en réverb', façon Violet District, et les nappes de claviers qui savent se montrer discrètes le cas échéant.. Et même si le batteur reste un peu trop métronomique, cette introduction magnifique donne la tonalité générale qui sera déroulée sur les différents morceaux. Après une respiration enchantée en mode semi-acoustique (Friend, déjà présent sous forme de démo sur le 1er album), Floating Tangibility va prendre un coup d'accélérateur dès sa troisième plage avec Slaves, dont la nouvelle version proposée ici se goinfre d'un son énorme et d'un final instrumental inattendu après quelques secondes de silence. Certes, l'aspect progressif reste peu marqué et surtout bien balisé, mais ces quelques touches néo viennent embellir un peu plus des chansons déjà bien carrossées.
Après ce premier morceau de bravoure, le risque serait de proposer des titres de moindre saveur, mais Primitive Instinct évite habilement le piège en parsemant le reste de la galette d'autres morceaux de grande qualité, dynamiques à souhait et où l'aspect mélodique prime avant toute chose. Parmi ceux-ci, nous relèverons notamment Hypnotic, instrumental cosmique servi façon Eloy, mais aussi la splendide conclusion proposée par Triludan, dans une version largement revue et étendue par rapport à sa première évocation sur l'album précédent.
Accessible à un large public, la musique présente sur ce deuxième album de Primitive Instinct reste certes dans les canons du néo-progressif, proposant ses habituelles parties instrumentales dominées par la guitare. Mais, grâce à une grande qualité mélodique et un savoir-faire évident, le groupe dépasse les traditionnels clichés qui collent à la peau du genre : des compositions solides et un univers sonore familier et sans agressivité permettent ainsi de passer un très bon moment de détente. Que demander de plus ?