C'est encore après un très long délai, 5 ans cette fois, qu'arrive le 10ème opus studio de Manowar. Dans ce long intervalle, les Américains ont encore beaucoup tourné et sortis pas moins de trois nouvelles vidéos live et documentaires. Le fan aura donc du être encore très patient, devant supporter une attente anxieuse, "Warriors Of The World" ayant montré un groupe moyennement inspiré et qui semblait à bout de souffle. Pour "Gods Of War", Manowar va pourtant tenter de frapper un grand coup en en proposant un album concept sur la mythologie nordique, et Odin en particulier, le tout écrit en Rune, un ancien alphabet germanique. Le quatuor continue sur sa lancée symphonique et orchestrale, se rapprochant finalement ironiquement d'un Rhapsody qui au départ était plutôt influencé par… Manowar.
Et il ne faut pas faire durer le suspens pour dire à quel point le résultat est catastrophique. Les Américains n'ont absolument pas su se mettre au niveau de leur concept. Bien au contraire, leur manque d'inspiration est même devenu criant d'évidence tant, malgré ses 16 pistes et plus de 70 minutes, ce "Gods Of War" parait vide, ennuyeux et atrocement répétitif. Il contient tellement d'interludes, de passages parlés et orchestraux qu'il en devient même pénible à achever. Au final il ne reste que 8 véritables titres qui, de plus, sont loin d'être tous très inspirés. Il en ressort donc un disque prétentieux et d'un niveau musical très faible. Du point de vue symphonique et orchestral, Manowar n'est pas du tout au point, et au niveau historique, il est tout juste scolaire tant il ne semble avoir retenu que les aspects guerriers de la mythologie nordique.
Finalement il faut même une bonne dose de volonté pour achever l'écoute de ce disque indigeste qui débute avec deux très longues introductions décourageantes, qui semblent parodier Rhapsody tant elles sont pompeuses. Le cœur du disque achève l'auditeur avec un enchainement improbable d'interludes, de titres symphoniques vides et de passages parlés incessants et creux. Ainsi, de "Blood Brothers" à ""Overture To Odin" en passant par "The Blood Of Odin" et " Glory Majesty United" on s'ennuie ferme. Et si on ajoute "Army Of The Dead", en deux parties placées en début et fin de disque comme un rempart à l'écoute, et "Hymn To The Immortal Warriors", la coupe est rapidement trop pleine pour tenir le choc. Le tout représentant plus de la moitié du disque, soit près de 40 minutes de vide, ce qui est tout bonnement invraisemblable et très révélateur.
Ne restent donc que quelques titres de heavy assez bas de gamme au vu de la carrière du groupe, mais qui font un bien fou quand on les rencontre entre deux interludes. Nous ne serons cependant pas dupe de leur qualité réelle et nous ne sauverons que "King Of Kings", bon titre de heavy-speed, malgré, encore, un interlude central parfaitement chanté et dans l'esprit de la grande époque, à la fois mélodique et puissant. Nous garderons également "Sleipnir" pour son ton épique, ainsi que "Loki God Of Fire" qui se sauve un peu grâce à un rythme enlevé et un bon refrain. Les quelques autres titres heavy étant facilement oubliables, loin de la grande époque.
"Gods Of War" est donc un plantage magistral où pratiquement rien ne ressort si ce n'est le vide, l'ennui et la gène devant un tel investissement amenant à un tel néant artistique. C'est le premier véritable gros faux pas de Manowar et on se demande si le groupe pourra s'en relever dans le futur et retrouver une inspiration qui semble complètement perdue.