Il aura fallu être patient pour gouter à ce 9ème album studio de Motörhead. En effet, "1916" ne voit le jour que début 1991, soit près de 4 ans après "Rock'N'Roll". Le groupe ne souffrait pas d'un manque d'inspiration mais était encore une fois en procès avec sa maison de disques suite à la sortie du live "No Sleep At All" et l'affaire a trainé deux ans. Mais cela n'affaiblit pas Lemmy et sa bande. Ce dernier s'installe à Los Angeles, signe chez Sony et, avec le concours de ses trois camarades, nous balance ce "1916" qui va voir le groupe évoluer, le faire entrer de plein pied dans les années 90 et le lancer dans une nouvelle ère. Car "1916" est assez différent, même si la base reste bien sur rock'n'roll. C'est ainsi que l'on trouve des nouveautés, dont deux ballades, alors que le tempo ralenti un peu.
Mais que l'on se rassure: Lemmy en s'installant aux USA n'a pas vendu son âme au marché américain. "1916" reste un excellent album de Motörhead avec un son brut de décoffrage, et rock dans l'âme. Le disque rattrape un peu les affaires du groupe après deux disques qui ont moins fonctionné, sans faibles pour autant être. Cet album contient son lot de pépites, des titres qui vont rester dans les têtes très facilement et s'imposer comme des classiques du groupe. Certes, comme finalement sur chaque album du groupe, il y a un peu de remplissage, mais ces titres sont dans la bonne moyenne du groupe et ne remettent pas en cause l'excellente impression générale. Ainsi, Lemmy et sa bande signent 4 tubes énormes et imparables. Il y a du Rock-Blues avec "The One To Sing The Blues", du tube avec l'accrocheur et assez mélodique "No Voices In The Sky", et du rock'n'roll énergique avec "I'm So Bad (Baby I Don't Care)" et "Going To Brazil" qui sonnent comme deux belles décharges avec riffs et mélodies accrocheuses.
Il y a ensuite un bel hommage aux Ramones avec "R.A.M.O.N.E.S", court titre de Punk-Rock complètement jouissif qui prouve que Motörhead peut varier les plaisirs. Et en matière de variété de plaisir, il y a de quoi faire. Fait nouveau, le groupe ose une véritable ballade, "Love Me Forever", avec une ambiance sombre, un Lemmy qui se transcende au chant, et des guitares plus posées pour un résultat de grande qualité. Puis avec "Nightmare/The Dreamtime", on trouve un titre avec nappes de claviers et ambiance inquiétante très atmosphérique. Cela change pour le groupe mais fonctionne très bien et donne au disque une force particulière. Par contre le final avec "1916", avec orgue et violoncelle, fonctionne un peu moins bien malgré des paroles fortes, le tout manquant un peu de rythme.
Enfin il y a des titres moins remarqués comme "Make My Day" et "Shut You Down", deux classiques du hard rock'n'roll à la Motörhead, et si la recette est très connue elle fonctionne encore assez bien, remplissant le disque et faisant remuer la tête, même si on a tendance à vite les oublier. Par contre, "Angel City" convainc peu, c'est un titre de rock classique et qui manque un poil d'énergie.
"1916" est donc un bon cru de la légende britannique. Le groupe change un peu sa formule, ose se renouveler et nous fait plaisir. Motörhead est en pleine évolution et nous guetterons la suite qu'il donnera à tout cela avec intéret.