Il y a une bonne douzaine d'année, les média Metal ne juraient que par le Stoner qui était selon eux ce qui était arrivé de mieux au genre depuis... Très longtemps. Votre serviteur se souvient ainsi du dossier spécial concocté par le principal canard de l'époque, dans lequel Monster Magnet, Cathedral, Spiritual Beggars ou Fu Manchu se tiraient la bourre sur fond d'esthétique seventies et de paysages sentant bon le désert américain, les vans, les filles dénudées et les motos. Bien qu'il en soit toujours un des pilliers, Orange Golbin s'est toujours un peu différencié des autres têtes de gondoles du Stoner Rock. Son origine géographique - l'Angleterre - n'est sans doute pas étrangère à cette singularité, ses références étant de fait plus à rechercher du côté de la NWOBHM et plus encore de Motörhead que de Kyuss, celui que l'on considère comme un des pionniers du genre.
Après une fameuse triplette d'albums vidangée entre 1997 et 2000 (Frequencies from Planet Ten, Time Travelling Blues et The Big Black) qui ont défini sa rugueuse identité au relent de cambouis et de psychédélisme, la bande à Ben Ward a malheureusement suivi le déclin de cette scène. Les opus suivants n'ont pas fait autant parler d'eux. Déjà oublié, le dernier d'entre eux, Healing Through Fire, est d'ailleurs sorti il y a presque cinq ans dans l'indifférence générale. Le fait que le groupe ait alors quitté l'écurie Rise Above (dirigée par Lee Dorrian de Cathedral, rappellons-le) où il était pourtant confortablement installé depuis ses débuts, peut expliquer en partie cette érosion commerciale, mais pas seulement...
Nous en étions donc là avec Orange Goblin que l'on ne pensait plus vraiment retouver au sommet et la surprise n'en est que plus grande. Ayant sans doute fait une overdose (bienvenue) de Viagra, les Rosbifs reviennent en force avec ce A Eulogy For The Damned que nous n'attendions donc plus. Peut-être revigoré par la récente signature avec le puissant Candlelight, ils accouchent ni plus ni moins du meilleur album depuis, au moins The Big Black ! Moins Stoner, plus Heavy, à l'image du pachydermique "Death Of Aquarius" (que fissure des accords grésillants presque Black Metal) ou du puissant "Red Tide Rising" qui, en ouverture et en l'espace de cinq petites minutes, balaye d'un revers de guitare épaisse, des (trop) longues années en demi teintes. Tout simplement plus inspirée, cette septième galette est un pur concentré de grand Rock graisseux.
Les hymnes défilent ("Stand For Something", "Acid Trial" : ils sont tellement nombreux que l'on ne peut les citer) jusqu'au grandiose et terminal morceau éponyme, soit plus de sept minutes épiques et jouissives où la guitare de l'injustement méconnu Joe Hoare nourrie au pur Hard Rock des guitar-heroes des années 70 brille de mille feux. Rien à jeter en définitive et quel plaisir de retrouver Orange Goblin à un tel niveau de réussite et d'inspiration. L'année 2012 commence fort...