Pour ceux qui ne connaissent pas Dark Suns, voici un petit résumé des précédents épisodes. Révélé aux yeux du public pour s’être essayé au genre death metal (" Swanlike"), puis dark metal ("Existence") qui s’encanaillera de sonorités électro dans une version expérimentale de son metal sombre et torturé ("Grave Human Genuine") avec comme dénominateur commun l’affiliation progressive en filigrane, Dark Suns a été successivement catalogué groupe prometteur dans la lignée d’un Opeth puis Pain of Salvation pour lesquels ils ont ouvert …
Et c’est à croire que tous les groupes susmentionnés se sont donnés le mot puisqu’à l’instar des glorieux aînés auxquels il est (était) affilié, Dark Suns nous propose une revisite du rock progressif des années 1970 comme en témoignent les premières notes de l’organe Hammond de "Toy". Si cette approche psychédélique du progressif est pour le moins banale à quelques semaines d’intervalle des sorties des derniers Opeth et Pain of Salvation, la démarche des allemands pose d’autant plus problème quand on sait que Nico Knappe est le clone vocal de Daniel Gildenlöw donnant ainsi des faux airs de "Road Salt" à ce "Orange" ("Elephant").
Dès lors, ceux qui ont apprécié - mieux loué - le virage artistique des suédois trouveront certainement leur compte dans ce "Orange" aux mélodies mélancoliques captivantes très typées seventies où les guitares brutes se heurtent aux claviers lancinants agrémentés du chant envoûtant de Nico Knappe… A l’inverse, ceux - dont je fais partie - qui regrettent l’époque prog metal novatrice et créative des débuts de ces groupes ne trouveront aucun véritable attrait à cet "Orange". Et ce n’est pas un aspect psychédélique plus prononcé qu’un "Road Salt" au gré de passages hypnotiques pouvant évoquer "Flying Like an Eagle" de Steve Miller Band ("Toy"), qui permettront à "Orange" de se détacher des trop lourdes comparaisons qu’il devra essuyer, et à raison…
Malgré tout, certains passages comme l’instrumental envoûtant "Not Enough Fingers" devraient rallier tous les suffrages. Dans un autre registre, les fans de la première heure retrouveront le côté obscure de Dark Suns dans "Vespertine" où le chant rauque de Nico Knappe, les cuivres dissonants couplés à la trame de fond brodée dès les premières notes font véritablement merveille…
En bref, un très bon album sans véritable faille si ce n'est une originalité occultée par les précédentes sorties de ses pairs. Coïncidence de calendrier couplée à une réelle démarche artistique propre ou volontiers mercantile de profiter du sillon creusé avec succès par Pain of Salvation et Opeth ? Toujours est-il que Dark Suns a trop vouloir suivre les pas de ses maîtres perd totalement son identité au point de définitivement être étiqueté clone - certes talentueux - de Pain of Salvation. Mais avec désormais quatre albums au compteur, nous sommes en droit d’attendre mieux d’un élève ultra-prometteur et notamment qu’il s’émancipe et se forge enfin une identité propre !