Depuis quelques années Primal Fear a su se faire violence devenant plus qu'un simple groupe de power heavy métal en renforcant certains aspects mélodiques de sa musique. Pourtant, malgré une certaine qualité, "16.6" n'a rencontré qu'un succès d'estime. C'est donc fort logiquement qu'il ne fut pas surprenant d'apprendre que ce 9ème album, "Unbreakable", allait voir Primal Fear revenir à ses sources musicales, celle de ses premiers disques, et donc un retour à un son plus direct et typiquement heavy power. Ce choix, s'il ravira sans aucun doute les quelques fans pur et dur de heavy à l'allemande, n'est pas pour rassurer ceux qui auraient aimé les voir persister dans cette voie certes aventureuse mais artistiquement très louable.
Et en effet, hormis quelques titres plus marquants, Primal Fear retombe dans ses erreurs de jeunesse avec un heavy fort classique. Certes le son est excellent et Ralf Scheepers reste un vocaliste impressionnant dans son genre, mais le tout manque cruellement d'âme et ce disque, trop calculé, ne possède pas la finesse d'écriture de ses prédécesseurs.
Ainsi, le début de disque, avec "Strike", "Give Em Hell" et "Bad Guys Wear Black", reste sympathique mais s'oublie assez vite. Les riffs et soli sont bons, les refrains typiques du genre, mais l'ensemble est bien trop générique. Ce n'est alors que par à-coups, sur une chanson complète ou sur un passage, que l'on retrouvera le Primal Fear que l'on aimait. Par exemple, le chant épique et mélodique de "And There Was Silence" fait bien son effet malgré une musique trop speed et sans nuances. Puis, avec "Metal Nation", Primal Fear signe de loin le meilleur titre du disque en retrouvant ce subtil mélange entre mélodie et power métal, le titre signant une belle montée en puissance vers un excellent refrain.
La deuxième partie de l'album voit revenir ces titres speed parmi lesquels il y a du bon tel "Unbreakable (Part2)", un poil trop long mais qui se distingue grâce à un Ralf Scheepers parfait au chant, et du moins bon comme "Marching Again", plombé par trop de tics heavy pour convaincre, tandis que "Blaze Of Glory" et "Conviction" ne décollent jamais, engluées dans un ton Judas Priest atrocement banal. Enfin, pour calmer le jeu, le groupe nous balance deux ballades, "Where Angels Die" et "Born Again", assez semblables et sirupeuses, très typiques d'un genre purement germanique et manquant un poil d'ambition.
Sans atteindre le niveau lamentable d'un "Devil's Ground", "Unbreakable" est quand même une déception pour qui avait aimé suivre les aventures musicales récentes de Primal Fear. En revenant aussi fortement à ses bases, le groupe fera sans doute plaisir à ses vieux fans mais il prend clairement le risque de n'être qu'une formation de power heavy parmi tant d'autre.