D’une régularité impressionnante, les polonais d’After nous proposent leur 3ème album en 6 ans (1 tous les 3 ans). Fort de la qualité naissante de "Endless Lunatic" et "Hide Out", nous attendions de pied ferme cette nouvelle livraison en espérant voir éclore tous les espoirs mis en eux. Il est à noter qu'un membre du groupe a disparu et pas des moindres puisqu’il s’agit du préposé aux claviers qui orientait le combo dans un propos plus rock et plus direct.
Dorénavant la troupe officie dans un progressif léger où les guitares se taillent la part du lion (l'évolution de la pochette dans un visuel cartésien étant la première preuve de cette évolution). Quelques nappes apparaitront bien ici et là notamment sur "Happiness", morceau très langoureux (mais aussi le moins ambitieux de cet album) doté de samples et de loops pas vraiment appropriés.
Pour le reste, l'album oscille entre rock puissant assez banal ("All Left Behind" , "The Mention..." et "Good Things Are Worth Waiting For" ) et mid-tempo menés généralement par des guitares acoustiques soigneusement enrobées dans un linceul électrique afin de garder une intensité bienvenue ("Enchanted", "My Straight Path").
S'il y a des touches de The Pineapple Thief (période "Variations On A Dream") dans cet ensemble, les polonais pêchent là où le groupe de Bruce Soord arrive à faire progresser chaque titre en multipliant les atmosphères et en garantissant un travail de production de haut niveau. "Ressurection" bénéficie pourtant de ce type de développement subtil et puissant mais le soufflé retombe au moment où la magie commence à opérer. Est-ce du à la volonté de proposer des titres courts pour plus d'accessibilité ?
Nous aurions aimé assister à l’éclosion de ce groupe dont nous attendions tant. C'est donc une grande déception car la puissance de feu entrevue sur les 2 premiers albums s’est étiolée avec le départ de son membre le plus important. Et si les guitaristes s’en donnent à coeur joie cela ne compense pas le trou béant qui s’est formé. Alors bien sûr l’orientation prise n’est pas si mauvaise que cela mais elle n’est plus en ligne avec la démarche initiale. Ce basculement dans un rock plus direct risque malheureusement de confiner le combo dans un genre très encombré où il est encore plus dur de faire sa place.