9 ans d’existence et 9ème album pour le groupe suédo-allemand Last Autumn’s Dream. Il y en a qui devraient en prendre de la graine, notamment le groupe du type au bandana (mais non je ne parle pas de notre Renaud national). Le titre "Nine Lives" ne peut être plus approprié. Neuf albums certes, mais tout de même une seule existence à bien y réfléchir tant le combo est resté, depuis ses débuts en 2004, calé dans le même registre musicalo-existentiel, soit du Hard Rock mélodique tranquille. Et ce n’est pas le petit dernier qui viendra rompre ce fil conducteur tant Last Autumn’s Dream persiste et signe ici, ce pour notre plus grand plaisir puisque c’est ce que nous leur demandons finalement, de nous faire chanter sous la douche sans nous rompre les cervicales à headbanger.
Douze mois après "Yes" le précédant album qui avait mis tout le monde d’accord chez MW, voici donc "Nine Lives" qui propose, en ce début d’année 2012, ses onze pistes sucrées à nos pavillons auriculaires qui auraient tendance à devenir exigeants à l’écoute de toutes les productions du genre qui ont peuplé l’année écoulée. Sortir un album par an est on ne peut plus méritant, mais encore faut il avoir les bonnes grâces des muses qui se penchent sur le berceau afin de ne pas perdre, à force d’avancer si rapidement, son inspiration en route. Alors, avons-nous à faire à une sortie précipitée ou une proposition murement réfléchie ? Il convient ici d’avouer que le breuvage laisse en bouche un goût de figue et de raisin.
Expliquons-nous: comme fréquemment dans ce style musical, la première écoute de l’œuvre laisse une bonne impression, on rencontre les mélodies, on fait connaissance avec les ambiances, bref la mariée nous paraît fort belle. Puis, au fur et à mesure des écoutes qui suivent on se dit que les atours de la donzelle ne sont pas tous du genre à nous donner envie de passer illico devant le prêtre pour prêter serment.
L’effeuillage commençait plutôt joliment avec deux petites bombes dans l’esprit de ce que sait parfaitement proposer le groupe. "It’s A Perfect World" et "Nine Lives" font plaisir à entendre et cristallisent parfaitement notre attention. Puis vient la première ballade et là on se dit : déjà ? Toutefois, comme elle est plutôt bien calibrée, on reste dans l’euphorie des premières impressions qui baisse d’un demi-ton à l’écoute de "Merry-Go-Round" qui accroche encore, mais moins fermement. "Golden Cage" nous est alors proposé et on commence à se dire que la facilité commence à l’emporter et que Monsieur le Curé s’éloigne de plus en plus. C’est joli mais ça manque de charme. "All I Can Think Of" et ses clap-clap insupportables (ils nous avaient déjà fait le coup sur l’album précédant) fissurent l’ambiance et "Megalomania" et ses Whou Hou Hou Hou Wow Wow la brise dramatiquement. Le moment de la jarretière survient alors et il nous remet un coup de booster à l’âme, "The Last To Know" est séducteur et ses voix féminines, épaulées par Jeff Scott Soto, y sont pour beaucoup. Elles restent en notre compagnie avec "Angel Eyes" qui maintient la pression, l’effervescence des débuts revient alors nous chatouiller le palpitant. Malheureusement "We Never Said Goodbye" et "Don’t Let Love Fade Away", deux titres calmes plutôt mièvres, font s’écrouler nos rêves de bonheur sans nuage et concluent malhabilement cet opus.
De la figue et du raisin donc. Voilà qui nous emmène à conclure que la promise nous a un tantinet trompés sur la marchandise et cachait quelques défauts sous son aspect enjôleur. Les masques n’ont en fait pas tardé à tomber au bout de quelques rendez-vous auditifs et, à moins que l’amour rende sourd en plus de rendre aveugle, vous n’aurez cette fois-ci pas envie de gambader insouciamment sous une pluie de grains de riz.